lundi 3 mars 2025
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AccueilChroniquesLes regards de SimoneUne icône - Robert Wurtz, arbitre international

Une icône – Robert Wurtz, arbitre international

Parmi les centaines d’invités que j’ai reçus dans mes émissions, l’arbitre international Robert Wurtz est un de ceux qui m’ont le plus marquée, à la fois par sa bienveillance, son humour et sa personnalité excentrique. Il fut mon invité en 1993 dans la série Zuckersiess sur France 3 Alsace. Le chef pâtissier Christophe Meyer lui avait préparé un savarin. Trente-deux ans plus tard, Robert aime toujours les saveurs, le foot et la vie.

L’écouter parler en alsacien est un réel plaisir, car il maîtrise sa langue maternelle à la perfection et il possède une richesse de vocabulaire qui séduit l’oreille. « Schiidse isch ken Berüef gsìnn », dit-il, rappelant que « l’arbitrage n’était pas un métier », et que, de son temps, pour tenir ses engagements sportifs, il fallait avoir un patron acceptant les absences répétées. « J’ai exercé plus de huit métiers différents afin de m’assurer que je pourrai me libérer pour les matchs pour lesquels j’étais engagé », précise-t-il. On garde de lui des images d’un arbitre facétieux, qui s’agenouille par exemple devant Guy Roux au Parc des princes en 1989 pour faire retomber la tension. Sa gestuelle théâtrale, ses pitreries élégantes lui ont valu le surnom de « Nijinski du sifflet ».

Il a grandi à Strasbourg, à la Meinau, pas très loin du stade, comme enfant unique d’un couple d’artistes. Sa maman, haut-rhinoise, était soprano à l’Opéra du Rhin et son père y fut clarinettiste. Ses parents étaient souvent absents le soir pour assurer les représentations, mais dans l’immeuble vivaient plusieurs dames ravies de veiller sur le petit Robert. Son père, très exigeant, voulait que son fils soit le meilleur en tous domaines. Robert apprendra le piano, gardera un amour pour les valses (les viennoises comme celles du folklore tyrolien et d’Oberkrain). Il fera de longues études en biologie et emportera le titre de docteur en 3e cycle. Il a travaillé dans des laboratoires et en d’autres domaines, et a fini sa carrière dans les relations publiques pour Eurest, la société de restauration d’entreprises de restauration et de collectivités qui l’employa durant treize ans. Robert est un gourmand, même si en matière culinaire il se dit juste apte à réchauffer des knacks et à cuire un œuf dur.

À 5 ans : déjà fou de foot. / ©dr

En feuilletant son album photos, on le voit mignon poupon de quelques mois, déjà assis à côté d’un ballon ou, quelques années plus tard, garçonnet maniant précocement le drapeau de l’arbitre. Car le football, déjà aimé de son père, devint rapidement sa passion. Mais on ne lui permettait d’y jouer que lorsque les devoirs étaient faits. Le football était la récompense. Inscrit de 10 à 20 ans au Racing, il y joue avec Gilbert Gress et Gérard Hausser. Avec son mentor Pierre Schwinté, il accédera à l’élite du football international à 28 ans.

Cette activité remplissait tant sa vie qu’il pensait rester célibataire. Et puis, à 38 ans, il a épousé « la belle Hélène » qui travaillait pour André Bord à la présidence du Conseil Général du Bas-Rhin. Elle est originaire d’un village du nord de L’Alsace, Climbach, situé entre Wissembourg et Lembach, non loin du col du Pigeonnier. C’est là qu’ils ont construit une maison en 1988, c’est là qu’a grandi leur fille Caroline. C’est là que Robert revenait avec grand plaisir, parfois du bout du monde, du Brésil, ou d’ailleurs. Climbach fut toujours son havre de paix. Et aujourd’hui encore, à 83 ans, il aime se rendre au stade de foot du village ou aux vestiges de la chapelle du 12e siècle. Et puis il repense avec joie à tous les moments forts vécus sur les stades, que ce soit en 1973 et en 1976 pour les deux finales de Coupe de France, pour les deux championnats d’Europe en 1976 et 1980, pour la Coupe d’Europe des Clubs Champions en 1977, ou pour la Coupe du monde en 1978 en Argentine. Lorsqu’il fut mon invité dans l’émission en 1993, il révéla qu’il aimait les desserts, mais aujourd’hui sa préférence va aux saveurs salées. Il a aussi parlé de ses liens avec Gilbert Gress, né un jour après lui, le 17 décembre 1941. Ils ont joué ensemble dans l’équipe du Racing, des pupilles aux juniors. La vie les réunissait souvent, les séparait parfois. Pendant cinq ans ils ne se sont plus parlé pour finalement redevenir amis.

Robert Wurtz au stade de Rotterdam (UEFA 8 décembre 1976). / ©dr

Une carrière d’arbitre passe vite, avec une retraite imposée à 48 ans. Robert a pu continuer à arbitrer au-delà pour des matchs de charité. Et puis la télévision a fait appel à lui, de 1998 à 2007, afin qu’il devienne l’arbitre de l’émission Intervilles, diffusée d’abord sur TF1 puis sur France 2 et enfin sur France 3. Ces diffusions nationales ont encore renforcé sa notoriété et sa popularité. Ce passionné de nature et de marche, élu cinq fois « arbitre français de l’année » (entre 1971 et 1978), repense avec beaucoup de joie à tous ces moments que la vie lui a offerts. Et si c’était à refaire, il signerait à l’identique. Sa chanson préférée est celle d’Edith Piaf : « Non, je ne regrette rien ». Il précise : Réflexion faite, celle de Nicoletta, Ma vie et un manège, dépeint aussi ma vie avec justesse. Le journaliste Christian Daniel qui l’a beaucoup côtoyé et apprécié, m’a dit il y a trente-deux ans au moment où je préparais l’émission : Tu verras, Robert, c’est une crème. Il est super-extra. Il me l’a reconfirmé ces jours-ci, en ajoutant : J’avais commencé à écrire un bouquin sur lui. Nous étions très proches. Je l’ai suivi à Rome pour la finale de la coupe d’Europe qu’il arbitrait. J’ai des dizaines d’anecdotes avec lui.

En 1971, un match sous haute tension au Mexique, à Patchuca. Un projectile le frappe au bras dans un stade survolté. Robert se jette au sol et ne bouge plus. Il désamorce ainsi la violence latente. / ©dr

Notre Robert, ùnsere Robes, reste une icône et un exemple stimulant.
üet àb, Herr Schiidsrìchter!
Chapeau bas, Monsieur l’arbitre !

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