La programmation 2024/25 du Diapason s’appelle Les traversées, et on est d’emblée séduit par l’illustration…
Stéphane Litolff : C’est l’illustratrice Vlou qui avait déjà été appréciée la saison dernière, et moi je souhaitais travailler sur ce mot Les traversées. Sur la couverture et la dernière de couverture, vous trouvez le dedans et le dehors, la face cachée des choses, le travail des petites fourmis. Traversées évoque l’aventure, invite à une prise de risque, au voyage. Je remarque qu’on parle souvent d’avant et d’après covid, les gens jouent l’assurance, donc sur la programmation, je veux les inviter à renouer avec la curiosité qu’ils ont parfois perdue.
Le public est-il au rendez-vous ?
Le public est là, mais en baisse, c’est sûr. Ce n’est pas la question du divertissement, de la légèreté, de l’humour — il y a un rapport poétique qu’il apprécie toujours autant, voir du beau c’est important — mais l’introspection humaine via le théâtre ne fait plus trop recette. A contrario, la salle de cinéma le mardi a connu un bond monstrueux ! Je pense que le cinéma est toujours perçu comme un divertissement, même si vous allez y pleurer. Le tarif est de 4€ pour la même qualité et des films sortis depuis un mois tout au plus.
La programmation est tout public, mais pousse parfois à se questionner. C’est le cas avec Encabanée, une création du Diapason ?
Oui, j’ai mis en scène le texte d’une Québécoise traductrice à Montréal qui, à 24 ans, vit très bien mais se rend compte que tout va trop vite. Elle part habiter une maison seule, sans eau, sans électricité, et apprend à ne pas avoir peur, à se rapprocher de la nature et des arbres. En général, ce mythe est très masculin, et là c’est une jeune femme qui se confronte à sa principale activité : ne pas mourir. C’est comment sortir de ses sentiers et qu’est-ce qu’on apprend sur soi… Il y aura deux comédiens, un musicien et une plasticienne, les 8 et 9 novembre.
Quels seraient vos coups de cœur ?
Les gros patinent bien, mais c’est déjà complet ! Un moment important pour moi sera Solann, le 21 mars, une artiste avec une jolie patte et une plume, j’ai été séduit par sa voix. Ensuite, Ma part d’ombre de Sofiane Chalal, le 28 novembre. Il est danseur de hip hop et champion du monde, or il est obèse et c’est ça qu’il raconte. C’est une ode à la différence, à l’inclusion et un message d’espoir, c’est très beau et onirique. Il y a aussi Éclipse, La mort grandiose des marionnettes, Christophe Alévêque…c’est dur de choisir !