Maxi Flash : Vos personnages sont un peu fous et surtout débordants d’énergie, comme vous dans la vie ou vous prenez le contre-pied ?
Antonia : Ah ben bonne question, je suis un peu multiple, mais comme nous tous. Comme dans un rêve ou un cauchemar, on est tous les personnages qu’on croise. Et moi je les aime et je les méprise un peu, comme des phases de ma personnalité dont je suis fière ou moins glorieuse. En ça, ils ont tous cette splendeur et ce panache dont on aimerait tous se targuer, et en même temps de petites failles qui les rendent vulnérables et un peu mesquins. On a tous en nous cette petite dame un peu raciste mais très gentille, cette petite fille très cash, cette mère qui voudrait être parfaite… Ah ma fille sort du musée, je suis à Paris, je l’attendais !
Vous qui venez du théâtre d’improvisation, le spectacle évolue-t-il le soir même ?
Alors je crée tous mes spectacles en improvisation à l’origine puis je réécris dessus. Il y a une démarche de l’ordre de la fulgurance, comme si je dessinais, je laisse le trait se faire et s’il est imparfait, ça fait partie du processus—attends (à sa fille), tu veux pas retourner dans le magasin ?
De toute façon, je partage ça avec mes confrères et consœurs du métier, un spectacle vivant n’est jamais figé ! On est soumis à l’actualité, à l’instant, on est des matières poreuses à ce qui se passe dans la salle. Les scènes en Alsace sont particulières, je suis l’enfant du pays, même dans le Haut-Rhin ! (rires)
Le spectacle est désormais bien rodé, quelle est votre actualité en parallèle ?
C’est sa troisième année, je fais des spectacles qui durent longtemps parce que ce n’est pas mon seul œuf dans le panier : cinéma, fiction, interventions pour des entreprises, spectacles d’impro, écriture, chroniques télé et radio… Tout ça me permet de ne pas être monomaniaque, donc le spectacle, je le joue une quarantaine de fois par an, sans que ce soit une volonté au départ—allez-y je vous suis, je suis au téléphone (et à vélo) !
Mon actu pro, c’est pas mal de tournages, le Festival de la fiction de La Rochelle que je présente depuis deux ans m’a ouvert beaucoup de portes. Je pense que dans chaque humoriste, il y a un acteur qui cherche une forme de reconnaissance et de légitimité dans des partitions sérieuses. Je retape aussi l’appartement de ma voisine et j’ai ma famille en Alsace. Je suis à Paris pour le travail, mais complètement strasbourgeoise !



