Il paraît que tu es Catalan ? » On avait eu l’idée de l’intro en papotant avec Ludovic Pouillard, le coach du BCGO, qui avait commencé par cette phrase dans sa description du meneur de 30 ans (voir encadré). Xavier Forcada sourit. « J’essaye toujours de faire comprendre que je suis plus Catalan qu’Espagnol. Les Catalans… On a une identité depuis des années, ça remonte à loin ! »
Finalement, si on met de côté la météo, les paysages, la langue et la gastronomie (trois fois rien), l’Alsace, c’est un peu pareil. « Je savais depuis le premier jour que les Alsaciens ont une identité forte. Ils sont très fiers. C’est presque la même chose. C’est difficile à expliquer, mais si tu es Alsacien, tu peux comprendre. »
« Jouer pour Barcelone, c’est… »
Dans ses jeunes années barcelonaises, après avoir débuté à l’école, c’est au sein du prestigieux FC Barcelone que Xavier va faire ses gammes. « Quand tu aimes le basket, jouer pour Barcelone… » Pour une fois, dans cet entretien parfaitement maîtrisé dans la langue de Tony Parker, ‘Xavi’ ne trouve pas le mot. Les yeux pétillent. On a compris. « Je suis très reconnaissant pour ce que ce club m’a apporté, pour les valeurs transmises. C’est le Barca qui a fait de moi le joueur, mais aussi l’homme que je suis. Attends une minute.» À ce moment, Noé Schott sort du vestiaire, tout sourire :
« Qu’est-ce qu’il y a ?
– Rien, rien, vas y passe ! On attend parce qu’il va sortir une
connerie, c’est obligé. »
Reprenons. Passé par les sélections de jeunes, Forcada ne va malheureusement pas percer dans l’élite. Toute sa carrière, il va la faire en D2 espagnole, avant de tenter l’aventure alsacienne en 2017.
« C’est vrai que ça peut paraître étonnant de quitter la D2 espagnole pour venir en D3 française (le BCGO était alors en N1). Mais c’est un choix de vie. Je voulais vivre une expérience à l’étranger, apprendre une nouvelle langue qui pourrait me servir. J’avais presque mis le basket au second plan. Et puis on est montés… »
Le basket reprend alors ses droits, dans une équipe taillée pour un basket qu’il affectionne. « J’ai joué ce basket toute ma vie. Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui essayent de jouer ce basket plus attractif, plus joli à regarder. Quand j’ai signé, Ludo m’a dit : on va montrer à la France qu’on peut jouer un basket différent. L’année dernière on a cartonné, cette année on confirme. C’est le grand mérite de toute l’équipe. »
Faire flamber les supporters… et les tartes
Xavier ne boude pas non plus son plaisir de retrouver les gens du coin dans l’espace VIP à la fin du match. Avec une petite tarte flambée. « Ce club, c’est comme une famille. Tu sens la chaleur du public, ils viennent te voir, tu sens que t’es aimé, c’est cool. »
Si les supporters du BCGO ont adopté Xavier (14.4 pts et 6.8 pd de moyenne cette saison) et sa facilité à dégainer à trois points, l’ami catalan a aussi appris à aimer l’Alsace : « Avec ma copine, on a visité beaucoup de choses. J’aime les châteaux, même si j’ai du mal à retenir les noms ! Le marché de Noël… Les spécialités… Bon, c’est une bouffe grasse, faut faire un peu attention. Une fois par mois on va dire. » À quelques mètres, Olivier Cortale, en plein gainage, rigole. « De toute façon, mes coéquipiers préférés c’est Romain (Hillotte) et Asier (Zengotitabengoa). Mais ça va, les autres sont de très bons gars. » Cortale, asphyxié (par les abdos ?), rétorque, me prenant à partie : « Tu reviens en fin de saison et mon objectif c’est qu’il dise que je suis son meilleur pote ! » Le pari est lancé.
Ce qu’en dit son coach, Ludovic Pouillard
« Xavi, c’est un Catalan ! C’est un vrai plaisir de l’entraîner et de le voir jouer. Ce n’est pas un leader vocal, mais un leader de basket, il montre la voie, et les autres le suivent.
En fait, il faut juste lui passer le ballon. C’est ma fondation dans cette équipe, ma pierre centrale. On parle le même langage, on se regarde, on se comprend. C’est très rare d’avoir une connivence aussi forte avec un joueur. Il est en train de montrer qu’il était capable de jouer en ProB. »