Le rap ? À la base, c’était juste « un délire ». Un délire commencé l’année dernière pendant le premier confinement. « Au départ, j’étais pas vraiment dedans », raconte Zeepeck. Jusqu’au jour où après avoir enregistré un morceau, son manager accroche. C’est le déclic. Son style, son état d’esprit, ses textes ont su retenir l’attention de professionnels de la musique parisiens. « La première fois qu’il m’a fait écouter ce qu’il faisait, je me suis vite dit qu’il y avait quelque chose », confie Radouane Ben Azzouz, coordinateur jeunesse de l’association ACIJ. Alors qu’en France le rap est le genre musical le plus écouté depuis plus de quinze ans, les structures et studios d’enregistrement dédiés à cette musique manquent encore. Haguenau, où la scène est émergente, ne fait pas exception. « J’ai d’abord travaillé la voix et l’écriture chez un ami de Radouane », se souvient Zeepeck. Il a ensuite enregistré ses premières maquettes aux Sons d’la Rue, à Strasbourg. Au total : plus de dix sons, représentatifs des différents styles de rap, dont la drill, un courant du hip-hop originaire de Chicago et dont le rap français s’est emparé. « Mais moi ce que je préfère c’est la mélodie, c’est là où je suis le plus à l’aise », précise Zeepeck.
« On se démarque des autres »
Dans ses textes, le jeune homme dépeint son quotidien, ce qu’il vit, ce qu’il voit : la Musau à Haguenau où il a grandi, et le racisme auquel il a déjà été confronté.
« Malheureusement… Mais on fait avec, on n’a pas le choix », lâche-t-il. L’artiste est né à Mayotte avec de graves problèmes respiratoires, ce qui pousse ses parents à s’installer en France pour le soigner. Pour son lancement dans la musique, son père était réticent. « Puis il m’a vu sur scène, il était fier de moi », sourit Zeepeck. Ses trois petites soeurs et son petit frère connaissent déjà ses chansons par coeur. Toujours accompagné de ses deux cousins, Wilson et Amstrong, le jeune rappeur marche « en équipe ». Déjà conscients de la nécessité de se construire une image, les trois bonhommes ont pour habitude d’acheter les mêmes tenues : « On essaie de prendre les mêmes couleurs, c’est un kiff ! On se démarque des autres ». Il tire son blaze du film La Cité de Dieu, sorti en 2002, l’année de sa naissance. Dans le long-métrage qui a largement influencé les rappeurs français, au même titre que Scarface ou la série Gomorra, Ze Pequenio est le chef sans pitié d’une favela de Rio, dans les années 70. En attendant de monter sur scène, le 30 juillet prochain à Haguenau et Bischwiller, c’est l’association ACIJ qui assure son encadrement et le financement de ses projets.