Maxi Flash : Sylvie, comment ça se passe en ce moment au Zénith ?
Sylvie Chauchoy : La reprise est un peu glauque. On a du boulot, mais toujours à distance. On reste en chômage partiel, et les conséquences économiques vont commencer à se faire sentir. Le Zénith c’est six emplois permanents, mais ce sont aussi 25 à 30 personnes en équivalent temps plein chez nos prestataires, entre la sécurité, les hôtesses d’accueil, la buvette… On a un prestataire qui nous a dit que sa trésorerie tiendrait jusqu’à décembre… Mais après ? On est face à un effet domino dramatique.
Le plus dur dans tout ça, c’est l’incertitude, non ?
On ne peut pas se projeter. Pour les producteurs, c’est très délicat. On peut avoir mis toute la technique en place le matin, et si le Préfet, à 13 h, dit stop… Il n’y a pas de spectacle et tous les frais ont été engagés et ne seront pas remboursés. Par conséquent, c’est dur de trouver des artistes. Ils ont déjà reporté une fois, deux fois… À un moment, ils préfèrent se dire, ok, on laisse tomber, on se projette sur 2021, 2022. Mais nos structures ne peuvent pas tenir jusque-là. Les collectivités sont à l’écoute, on discute, mais on a des frais fixes, de la maintenance, le chauffage qu’on va devoir relancer bientôt…
On a vu des artistes annuler des tournées entières…
M Pokora, Christophe Maé, Dadju, Gims… Ce sont des jauges importantes. On est un Zénith de 12 000 places, mais on est limités à 5 000, et encore… Donc s’ils décident de faire une tournée « gruyère » (avec des trous, ndr), comment on gère les hôtels, la cantine, les techniciens, etc. C’est très compliqué.
Vous êtes la directrice du Zénith depuis 10 ans, pratiquement depuis les débuts… On va essayer de finir sur une bonne note, avec quelques grands souvenirs… ?
J’ai un très bon souvenir de Sting. Quelqu’un de très simple, très accessible. Il était programmé cette année… J’ai évidemment un regard particulier sur le Dalaï-Lama, avec qui j’ai pu partager le repas le dernier soir. On a eu de grandes stars internationales comme Lady Gaga, Beyoncé… Mylène Farmer, et puis comment oublier Johnny… Il était au Zénith avec les Vieilles Canailles en juin, et en décembre il disparaissait.
Retrouver le public, ça vous manque aussi, j’imagine…
Ce qu’on aime, c’est la musique live, l’interaction entre les artistes et le public ! À ce titre, des artistes comme Julien Doré, Eddy De Pretto, M, comment vont-ils gérer des salles masquées ? Ils font vibrer un public, ils descendent dans les gradins. Comment fera-t-on demain ? Malgré tout, on essaye de relativiser, on redémarrera. On espère juste que les gens reviendront.
80
C’est à peu près le nombre de spectacles que le Zénith accueille chaque année. Pour 2020, le compteur est bloqué à 17 : 9 en janvier, et 8 en février (auquel on peut ajouter le salon de la pêche qui attire quand même un peu de monde).
Véronique Dicaire et puis plus rien
C’était le 29 février dernier. Pleine d’énergie, Véronique DiCaire monte sur la scène du Zenith Europe de Strasbourg. Elle ne le sait pas encore, mais elle sera la dernière artiste programmée sur ces planches avant de nombreux mois. Depuis, les annulations se sont enchaînées, notamment celle de Matt Pokora. La prochaine date de concert ? En croisant les doigts, Sylvie Chauchoy espère pouvoir maintenir Jean-Baptiste Guegan, alias La Voix de Johnny pour le 29 octobre. Le 11 novembre, le duo Vitaa & Slimane est pour l’heure prévu, mais avec un gros point d’interrogation. Le 13 novembre, la production allemande de Hans Zimmer risque fort de faire un coup de Trafalgar. Le 19 novembre, un peu plus de chance en revanche de voir le Ciné-Concert autour du film « Le Grand Bleu ».