Objectif du gouvernement, l’amélioration et la réforme du secteur HLM se poursuivent à
Haguenau, avec la réhabilitation de Les Pins. Cette décision redonne du souffle au quartier et ses 12 bâtiments construits dans les années 70 et qui ont fait leur temps. Considéré comme un ghetto par certains, comme un secteur chaud par d’autres, Les Pins de Haguenau se transforment, s’ouvrent et les mentalités changent petit à petit. Dans quelques semaines, un chantier mis en place par l’Office Public de l’Habitat Opus 67 commencera.
Pour connaître les objectifs et les enjeux de cette opération, Maxi Flash a rencontré Nabil Bennacer, le Directeur Général d’Opus 67.
Pour quel investissement ?
Il est très significatif, car il dépasse les 11 millions d’euros sur les deux prochaines années, plus de 60 000 € par logement, une cadence d’investissement très élevée.
Quels sont les objectifs ?
La transformation radicale de l’image du quartier, l’amélioration du cadre de vie des locataires d’Opus 67, l’augmentation de l’attractivité du quartier, l’accessibilité au logement, notamment vis-à-vis des personnes vieillissantes ou à mobilité réduite, puis à plus long terme, l’amélioration de la mixité sociale en attirant de nouvelles populations de classes sociales différentes, pour faire progresser le vivre ensemble. Enfin, le cinquième objectif est un sujet plus que jamais d’actualité, Opus 67 y travaille depuis plusieurs années, c’est la question de la baisse des charges d’énergie et des rejets de CO2.
Quelle sera l’économie pour les habitants du quartier ? En parlant de basse consommation, quels sont les objectifs ?
Les factures baisseront d’environ 40%. Dans le Quartier Les Pins, les appartements sont relativement peu énergivores, les chaudières sont performantes, puisque nous étions déjà
intervenus, mais notre préoccupation est sociale, sociétale, mais aussi économique.
L’objectif est de passer en BBC basse consommation, le niveau de performance énergétique le plus élevé pour la réhabilitation. En réalité, on change de paradigme, on change de modèle, nous sommes dans une approche tout à fait innovante d’un point de vue social, mais aussi d’un point de vue architectural et urbain, mais l’idée est aussi de retisser du lien entre les différents acteurs du quartier, pour cela, on s’appuie toujours sur des associations.
En fait, on redéfinit le cadre de vie pour recréer les conditions du bien-vivre
ensemble ?
On profite de cette intervention lourde pour retravailler l’esthétique des bâtiments,
avec des matériaux nobles, des briquettes en façade, du zinc. On va intervenir sur
les aspects sécuritaires, sur l’électricité, la sécurité incendie et des portes anti-intrusion.
Intervenir sur le cadre de vie, c’est aussi changer les espaces publics. À propos de mixité sociale, les classes moyennes ont depuis longtemps déserté ce quartier ; pour qu’elles reviennent, sur les cinq prochaines années nous allons introduire une offre d’accession
sociale à la propriété, avec des produits qualitatifs à des prix compétitifs qui permettront l’investissement dans un premier logement. Pour cela, un nouveau bâtiment sera construit à proximité du jardin partagé.
Les habitants ont été associés à ces démarches ?
Dans le cadre du Conseil citoyen, les habitants ont été informés, mais aussi associés aux décisions concernant l’avenir de leur quartier. Opus 67 a pris en compte leurs doléances sur des aménagements spécifiques, à l’extérieur et dans les logements, mais également sur les aspects liés à la sécurité et la sécurisation des accès. Plusieurs réunions ont été organisées pour chercher, avec les habitants, des solutions architecturales et urbaines opérationnelles. L’expérience a été très enrichissante. Lorsque nous leur avons présenté le projet, ils ont trouvé ça beau et conforme à ce qu’ils attendaient. Pendant les différentes phases de
travaux, il y aura des permanences, nous resterons à leur disposition, un cahier de
doléances sera mis en place pour les accompagner dans cette période où nous allons intervenir dans leur espace privé.
Pourquoi cette réhabilitation est importante pour Opus 67 ?
C’est une marque de respect que l’on doit à nos locataires qui, pour certains, sont
ici depuis plusieurs décennies. C’est aussi une manière de leur signifier que nous
sommes là et que nous accompagnons l’amélioration de leur cadre de vie. Un certain nombre de locataires peuvent ressentir le fait d’habiter dans ce quartier comme une assignation à résidence, cette restructuration va permettre de lutter contre ce sentiment de déclassement social qui est insupportable, ça, c’est très important pour nous. L’idée est de réintroduire de la qualité, de réinvestir, pour élever le niveau d’attractivité et la perception de confort de l’habitat perçu par le locataire lui-même et par effet de ricochet, par ceux qui ne vivent pas dans ce quartier.
L’opération qui commence au mois de janvier pour 24 mois n’aurait pas pu avoir
lieu si la ville de Haguenau n’avait pas été partenaire ?
Oui, Opus 67 a signé une convention de partenariat avec la ville Haguenau qui prend en charge la requalification de toutes les voiries, et de poubelles enterrées notamment. C’est un partenariat essentiel pour le succès et la mise en oeuvre de cette opération à 3 : les locataires, la ville et Opus 67 dont l’investissement sur ses fonds propres est majoritaire, mais il y a d’autres partenaires : l’État, la Caisse des Dépôts, l’Union européenne, le Grand Est, le Conseil départemental du Bas-Rhin ou la Communauté d’Agglomération de Haguenau qui accompagnent l’opération depuis très longtemps.