Le mardi 2 juin, de nombreuses maisons de disque ont temporairement fermé leurs bureaux tandis que les principaux services de streaming (Spotify, AppleMusic et Deezer) ont imposé plusieurs minutes de silence dans leur playlist. « Ce n’est pas un jour de congé. C’est plutôt une journée de réflexion et de recherche de moyens pour avancer dans la solidarité », a déclaré le porte-parole du label Sony, l’un des plus gros producteurs du secteur. Dans le monde entier, des artistes de tous les milieux se sont exprimés sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, le mouvement a été suivi massivement par les fans, avec des carrés noirs brandissant les hashtags #BlackoutTuesday et #BlackLivesMatter (#LesViesNoiresComptent). Une semaine après le début des incidents de Minneapolis, ces publications noires sont même devenues le nouveau symbole international de la lutte contre le racisme et les violences policières.
L’écho d’une colère
Les initiatrices du mouvement, Jamila Thomas et Brianna Agyemang, deux figures afro-américaines influentes du milieu musical, ont invoqué la responsabilité des producteurs et des artistes : « Notre mission est de rendre responsable l’industrie au sens large, en incluant les grandes corporations et leurs partenaires qui bénéficient des efforts et du succès du peuple noir. » Suite à cet appel, en 24h, des millions d’images « vides » ont pullulé sur les réseaux sociaux, comme en France, sur les comptes de Kylian Mbappé ou d’Omar Sy par exemple. Petit problème : cet engouement, partant pourtant d’une bonne intention, n’a pas eu exactement l’effet escompté.
Submergé(e)s par la solidarité
#BlackLivesMatter #JusticeForGeorgeFloyd #JusticePourAdama : depuis le début des émeutes il y a trois semaines, beaucoup de personnes utilisent ces hashtags pour rester informées de la situation et documenter en vidéo les violences policières envers la communauté noire. La prolifération de ces images a empêché cette chaîne d’informations de remplir sa fonction. De nombreux témoignages recueillis sur Twitter ont ainsi appelé les participants à ne plus faire figurer ces hashtags sur leurs publications, faisant rapidement disparaître le #BlackoutTuesday. Malgré la fugacité de la mobilisation, de mémoire d’internaute, c’est la première fois qu’un mouvement social éclipse le reste de l’activité sur les réseaux sociaux. Un évènement à marquer d’une pierre noire.