Jean-Pierre Moritz, 20 ans d’engagement pour les autres

Directeur de l’antenne Emmaüs Saverne-Haguenau, ce convaincu de l’engagement et de l’entraide porte une double casquette entre le social et le patron d’entreprise. À Emmaüs depuis près de 20 ans, Jean-Pierre Moritz raconte son expérience et les défis de demain. Portrait.

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Il signe son mail par ce mot : « solidairement ». Et lorsqu’il parle, Jean-Pierre Moritz, directeur de l’antenne Emmaüs de Saverne-Haguenau depuis près de quinze ans, n’a de cesse de rappeler le sens de son engagement. L’homme de 50 ans se souvient très bien de son arrivée à Emmaüs, le 6 février 2001, après une dizaine d’années passées à travailler dans l’agencement de magasins.

« C’était la crise de la trentaine, j’ai eu envie de tourner la page », sourit-il. D’abord salarié sur le chantier de réinsertion d’Emmaüs, il s’occupe d’une vingtaine de personnes. Puis, c’est la rencontre avec l’Abbé Pierre, lors d’un congrès à Paris: « ça n’a fait que conforter mon orientation professionnelle », se souvient Jean-Pierre Moritz. Un sens de l’engagement qu’il faut chercher dans son éducation et des parents très engagés dans le milieu associatif.

Plus de jeunes et de sans-papiers parmi les bénéficiaires

En 2007, il est nommé à la direction du site de Saverne-Haguenau et doit lui aussi endosser la casquette du patron d’entreprise : « On court toujours après l’argent, c’est le nerf de la guerre. On a fait le choix de ne pas vivre de subvention de l’État, mais de ce que les gens nous donnent », détaille Jean-Pierre Moritz. Aujourd’hui, la structure emploie huit salariés et s’appuie sur une quarantaine de bénévoles qui accueillent plus de soixante personnes.

En vingt ans, Jean-Pierre Moritz a aussi vu le profil des bénéficiaires d’Emmaüs changer : « Davantage de 18-25 ans et de sans-papiers viennent nous voir », explique-t-il. L’association a profité du confinement pour faire des travaux dans ses locaux. « Dès le déconfinement on a été inondé de matériel. Habituellement, à cette période de l’année, on est à 40 véhicules par jour pour collecter les meubles. Là, on est à 100 véhicules jours », se réjouit le directeur d’Emmaüs qui pense déjà à l’avenir. « On a repris les ventes pour que l’argent rentre. Car le combat de demain, c’est la crise économique qui s’annonce ».