Honda a de la suite dans les idées. Alors que les berlines compactes adoptent toutes peu ou prou les mêmes codes stylistiques, la Jazz conserve son look atypique de petit monospace hérité des années quatre-vingt. Malgré le manque d’intérêt du public français, il convient de saluer sa constance et l’originalité de son positionnement.
On ne peut reprocher à Honda de suivre aveuglément l’air du temps. Depuis près de quarante ans, le constructeur japonais propose à son catalogue une berline compacte aux allures de petit monospace, qui se moque bien des injonctions de l’époque dans laquelle elle évolue et qui garde un positionnement atypique par rapport à son marché. Certes, les résultats, notamment sous nos latitudes, ne sont pas à la hauteur de cette constance. La Jazz est tout simplement la Honda la moins vendue en France après la NSX. Le constructeur japonais n’est pas pour autant décidé à lui tourner le dos. Bien au contraire, celui-ci lui offre une légère mise à jour qui note l’arrivée d’un nouveau moteur 1,5 l essence de 130 ch.
La constance du jardinier
Autant le dire tout de suite, il faudra sortir la loupe pour pointer les changements opérés sur la carrosserie. La Jazz joue au jeu des sept erreurs avec sa devancière. On note tout de même l’arrivée d’un nouveau bouclier qui lui offre des allures plus modernes sous une calandre inédite rajeunissant le style général. Conscient que la Jazz voguait à contre-courant, Honda propose un kit X-Road censé lui donner des airs d’aventurière à l’image de la grande majorité des SUV actuels. Malgré tous ses efforts, ce n’est pas sur l’esthétique que la Jazz sera jugée. Les points forts de la Japonaise sont bien évidemment son habitabilité imbattable et son équipement riche et abordable à la fois. La Jazz 1,5 l n’est disponible que dans une nouvelle finition Dynamic affichée à 19 940 €. Pour ce prix-là, la dotation est exceptionnelle. On retrouve, en plus des jupes spécifiques et des jantes en alliage noires, les radars de stationnement avant et arrière, les rétroviseurs électriques rétractables et chauffants, le régulateur de vitesse adaptatif, l’écran tactile de 7 pouces avec navigation, la reconnaissance des panneaux de signalisation et l’assistant de maintien dans la voie. Le tout de série. Jouant dans la même catégorie que la Renault Clio 1,2 l TCE et que la Peugeot 208 1,2 l Puretech, la Jazz 1,5 l se montre plus abordable malgré le malus de 473 € qui la touche. La Jazz ne fait pas payer bien cher l’espace qu’elle offre à ses passagers, notamment à l’arrière. C’est le grand luxe ! En contrepartie, le niveau de finition et d’assemblage n’est pas aussi bon que celui de ses concurrentes. Il faudra donc choisir entre un équipement rare dans cette catégorie, rehaussé par un espace à vivre incomparable, et une présentation plus soignée.
Un tigre dans le moteur
Étonnamment, la Jazz se distingue dans un domaine où on ne l’attendait pas nécessairement. Sous ses faux airs de monospace urbain bien sage, la compacte cache un tempérament de feu. Son nouveau bloc 1,5 l de 130 ch confirme le positionnement à contre-courant inscrit dans l’ADN de ce modèle. Là où tous les autres concurrents ne jurent plus que par le downsizing et multiplient les moteurs 3-cylindres, Honda fait le pari inverse et propose un 4-cylindres étonnamment joueur. La mélopée du moteur donne rapidement le ton. On est loin des sonorités criardes des « trois pattes ». Le ronronnement du 1,5 l est un pur bonheur pour les oreilles. Il offre également un comportement dynamique très appréciable. Il faut certes un peu le malmener en dessous de 3 000 tr/min, mais le conducteur est récompensé par des accélérations franches et précises ainsi que par des envolées puissantes. Aucun petit moteur turbo sur le marché ne peut l’égaler. Les chiffres ne trompent pas : la Jazz avale le 0 à 100 km/h en 8,7 s, soit 0,3 s de moins que la Renault Clio et près d’une seconde de moins que la Peugeot 208. Cerise sur le gâteau, la Jazz ne fait pas payer à la pompe ses bonnes dispositions sur la route avec des consommations qui ne dépassent guère les 6 l par 100 km. Difficile de savoir si toute cette bonne volonté sera récompensée par une augmentation du nombre des ventes, mais la Jazz le mériterait.