L’Espace fait partie des modèles emblématiques de Renault. Le monospace, sorti en 1984, a fini de graver le célèbre Losange dans le cœur des familles. Le grand monospace est un monument de l’histoire de l’automobile. Le problème avec les monuments, c’est qu’ils sont destinés tôt ou tard à devenir des musées, des témoins d’une époque révolue.
Cette malédiction a frappé l’Espace plus rapidement que ne l’aurait espéré Renault. Le valeureux routier n’est pas parvenu à prendre le virage de la modernité. La cinquième génération, celle apparue en 2015, a tenté d’adopter les codes de l’époque, tout acquise aux SUV. Le positionnement a été un échec. À sa sortie, l’Espace avait des ambitions premium sans en avoir les motorisations, mais son ticket d’entrée à un peu moins de 35 000 € plaidait en sa faveur. Les changements de stratégie qui suivirent ont précipité sa chute. Tour à tour, Renault a fait disparaître les moteurs et les finitions d’entrée de gamme, faisant passer l’addition à près de 43 000 €. À ce niveau de prix, l’Espace, en termes d’équipement et de prestations, ne tenait plus la comparaison avec ses rivaux. La cinquième génération du crossover, qui sera aussi la dernière, a toujours été en décalage avec son public, qu’il n’a finalement pas trouvé. Alors que Renault traverse la pire période de son histoire, l’Espace, ainsi que d’autres modèles peu rentables comme le Talisman ou le Scenic, vont disparaître du catalogue du Losange. Une telle icône méritait toutefois une fin digne et c’est ce que lui offre Renault avec cet ultime restylage au fort goût du regret.
L’Espace tel qu’il aurait toujours dû être
Ironie funeste du sort, c’est lorsque l’Espace se présente sous son meilleur jour qu’il est contraint de quitter la route. Les changements extérieurs ne sont pas nombreux – tout juste l’apparition des feux Matrix LED, une première chez Renault, et quelques petites touches de chrome –, mais là n’étaient pas les principaux reproches faits à l’Espace. C’est à l’intérieur que la magie opère, avec l’apparition d’un grand écran central 9,3 pouces qui a entraîné une réorganisation de la console centrale, véritable injure à l’intelligence humaine lors de la sortie. Tout devient plus ergonomique et pratique, grâce notamment à un nouveau grand rangement.
L’instrumentation numérique de 10 pouces et le régulateur adaptatif intelligent avec maintien dans la voie et du parking automatisé parachèvent un tableau enfin en adéquation avec les ambitions initiales de l’Espace. Les qualités du crossover français, comme la modularité et la capacité d’accueil (version 7 places à 1 500 € de plus), ne sont plus dans l’ombre d’un niveau de prestation limité. Sous le capot, ce restylage mise sur la même équipe de moteurs : le 1,8 l TCe de 225 ch et un 2 l dCi en 160 et 200 ch, avec boîte double embrayage EDC pour tous. Dynamique malgré sa carrure, parfaitement à l’aise lors des grands trajets, sûr et volontaire, l’Espace ne prête pas le flanc à la critique du côté de son comportement routier. Reste la question du prix, le restylage fait encore grimper la note à 44 100 €, soit un nouveau surcoût de 1 500 €, sans compter la hausse du malus qui passe à 4 279 € pour le diesel et 10 488 € pour l’essence. Il y a cinq ans, cet Espace aurait eu toutes les cartes en main ; aujourd’hui il s’en va sur un rendez-vous manqué.