Dans la mélasse d’informations et opinions partagées sur Twitter et Facebook depuis le début de la pandémie, les fausses vérités sur la vaccination sont légion. Conséquence directe ou non, d’après un sondage de l’IFOP publié fin novembre, moins de la moitié (41 %) des Français aurait l’intention de se faire vacciner dans les prochaines semaines. Depuis plusieurs années déjà, des groupes de militants comme « Les Vaxxeuses » tentent de déconstruire les fake news, mais se révèlent souvent impuissants face à leur progression fulgurante.
D’un épiphénomène à la tendance
«Les “anti-vax” ont commencé à monopoliser les réseaux sociaux bien avant qu’on se rende compte qu’il y avait un problème de défiance», explique Marie, une membre des Vaxxeuses, dans une interview accordée le mois dernier au quotidien 20 minutes. « Si un internaute souhaite se renseigner sur la dangerosité d’un vaccin sur Internet, les algorithmes le renverront immédiatement vers des sites conspirationnistes ! Quelqu’un qui souhaite seulement se renseigner a 9 chances sur 10 de se faire “embarquer” », s’agace-t-elle. Selon les Vaxxeuses, c’est ce problème, conjugué aux maladresses des scientifiques et aux annonces du gouvernement qui aurait aggravé cette méfiance. « Les “anti-vax” en ont profité et ont joué sur ces incohérences, en attisant les peurs au sujet de la maladie, et aujourd’hui, autour du vaccin ». La situation est similaire outre-Atlantique, mais la mode des « vaxxies » tend à faire basculer l’opinion des anti-vaccins avant qu’il ne soit trop tard.
La santé par la communication
Avec près de 350 000 décès comptabilisés l’an dernier, les États-Unis sont de loin le pays le plus endeuillé par la pandémie. Et à l’instar de la France, c’est aussi l’un des pays les plus réfractaires au vaccin. Pour contrer le phénomène, voilà quelques jours que les adeptes du « vaxxie » (terme issu de la contraction de « vaccin » et de « selfie ») s’illustrent en photo dans les centres de vaccination. Si le nouveau président Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont d’ailleurs participé, ce sont surtout les membres du personnel soignant qui ont popularisé le phénomène. Selon certains observateurs, cette tendance pourrait arriver en France prochainement, au risque d’accélérer la polarisation entre les « provaccins » et les « anti-vax », déjà échaudés par une année de dialogue de sourds.