Vous entamez votre 4e mandat de maire de Batzendorf, comment êtes-vous passée de l’hôtellerie à la politique ?
J’ai commencé par prendre la présidence du comité de jumelage, il y a 30 ans, avec une commune de Saône-et-Loire. Ensuite, en 1995, le maire Ernest Pflumio est venu me chercher. Il fallait des jeunes, il fallait des femmes. J’avais 26 ans et des enfants en bas âge, je suis entrée au conseil municipal.
L’engagement est une donnée familiale ?
Mon père a été conseiller municipal pendant 2 mandats, il était très investi dans la commune où j’ai grandi. Dans le club de football aussi qui ne possédait pas encore de vestiaire ; notre hôtel accueillait l’équipe pour les matchs. Maman était aussi de la partie et forcément quand vous avez des parents qui s’engagent, vous y prenez goût.
Quel genre de petite fille étiez-vous ?
J’avais un grand cœur, du coup j’avais envie de donner de ma personne. J’avais envie de partager. Je crois que ce sont deux éléments forts dans la vie publique, on a envie d’être là pour les autres, de rendre service. Ce sont des valeurs qui m’animent beaucoup depuis toute jeune. J’étais basketteuse, j’ai commencé à Niederschaeffolsheim, puis à Haguenau où nous avions une très bonne équipe junior. J’aime le collectif.
Vos parents étaient dans la restauration, un restaurant transformé en hôtel, l’hôtel de l’Étoile, vous le gérez toujours ?
Oui. Je fais toujours le petit déjeuner tous les matins. Bon, en ce moment il y a moins de monde.
Quand vous étiez à l’école hôtelière, la politique était loin de vous ?
C’est vrai. J’y ai vraiment pris goût. C’était fait pour moi ! Mais quand il a fallu prendre la décision d’aller vers des responsabilités de maire, mon mari m’a beaucoup soutenue. Être au service des habitants, c’est du bonheur, même si ce n’est pas rose tous les jours. J’aime faire des choses, être dans l’action, dans le concret.
Un maire qui réussit est un maire qui est réélu ?
Je ne veux pas parler de réussite. Car ce qui est fait est fait ! On ne regarde jamais en arrière, même si le bilan est positif. Les électeurs veulent savoir ce que vous allez faire. Il faut renouveler son équipe. Moi, j’ai un conseil municipal très jeune, la moyenne d’âge est de 42 ans, tout le monde travaille. Ce qui m’importe c’est de transmettre. Ce n’est pas évident de conduire un projet et de s’investir en plus d’une activité professionnelle, mais j’essaye de leur transmettre la passion qui m’anime, la passion d’être utile. Chaque jour, je me dis que je fais de belles choses.
Et vous allez en faire pour la Région, avec la Collectivité Européenne d’Alsace ! Pourquoi, comme l’a dit notamment le président Frédéric Bierry, c’est la renaissance de l’Alsace ?
Nous avons subi l’application de la loi NOTRe qui a créé ces grandes régions. On n’en voulait pas, car les périmètres sont trop grands. Je comprends bien qu’il faut mutualiser, mais nous sommes les élus de proximité, les premiers interlocuteurs des communautés de communes. Même si l’Alsace n’avait pas disparu, nous nous retrouvons, avec un poids plus fort, notamment pour travailler avec les Allemands ou les Suisses. Nous pouvons mieux agir pour les Alsaciens.
Concrètement, qu’est-ce que vous allez pouvoir faire maintenant, que vous ne pouviez pas faire avant le 1er janvier ?
Nous serons plus efficaces, car nous sommes à une autre échelle, avec des moyens encore plus mutualisés pour être plus efficaces. Le projet politique que porte Frédéric Bierry est la territorialisation de l’action publique, nous sommes dans les territoires. Depuis 2015, nous avons expérimenté cette façon de travailler, c’est maintenant étendu sur l’ensemble de la CEA. On est vraiment dans la proximité, l’efficacité. On va prendre le meilleur des deux départements pour être plus efficace. La deuxième étape est de récupérer plus de compétences pour mieux gérer, et toujours en proximité, ce que nous avons perdu avec la région Grand Est. On a envie de retrouver ça. Et puis, nous allons pouvoir renforcer la marque Alsace.
Vous venez d’être nommée vice-présidente en charge du territoire de l’Alsace du Nord et du service public alsacien de la Collectivité Européenne d’Alsace. C’est un gros challenge ?
Oui. Il doit être à l’échelle de l’ensemble du territoire pour apporter un meilleur service aux Alsaciens. Nous ne sommes jamais parfaits, il y a des choses à améliorer, nous serons sur toutes les politiques, pour être plus efficaces et renforcer l’action publique. Nous ne voulons pas du : « tapez 1, tapez 2, tapez 3 » ! On veut qu’il y ait des réponses, et de l’humain. Je sais qu’on y arrivera, car cela nous tient vraiment à cœur. L’Alsace doit être un hub d’innovation et d’excellence, respectueuse des territoires et des contribuables, à l’écoute des besoins. Elle est forte de ses territoires, avec une politique qui ne sera pas uniformisée.
Quels sont les projets pour le Nord Alsace ?
Nous allons créer une maison des services du département sur l’ancien site du collège Foch à Haguenau. Elle devrait ouvrir dans un an et demi environ. Les services du département seront sur place, il y aura aussi la maison des aînés et des aidants, un guichet unique de services de proximité.
Est-ce que, comme le président Bierry, le mot Alsace sonne délicieusement à vos oreilles ?
Bien sûr. Déjà parce que je suis Alsacienne de cœur. C’est chouette parce que l’on a retrouvé notre territoire, on ne l’avait pas perdu évidemment, mais lors des premières réunions de la CEA, j’ai eu l’impression de travailler avec mes collègues haut-rhinois depuis toujours. Cela veut tout dire, nous sommes dans une ambiance sereine de travail.