La caméra descend lentement, le mouvement donne aux spectateurs l’impression qu’ils s’approchent de la planète Terre. À cette hauteur c’est magnifique. Les forêts, les déserts, les villes, les montagnes : belles pièces, compliment au créateur. Et c’est une histoire d’amour. Comment ne pas tomber amoureux de ce spectacle. Sauf que, dès que l’on atterrit un peu, ça se complique. Non seulement les habitants de cette planète saccagent tant qu’ils le peuvent les trésors de Dame nature, mais en plus, maintenant qu’ils savent pertinemment que notre mode de fonctionnement ne peut pas durer, que l’on a sonné la fin de la récré, ils continuent leurs jeux stupides. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous ! Oui, mais l’autre jour, quand j’ai croisé ma voisine dans l’escalier, j’ai compris un truc. Elle m’a dit : « C’est vraiment n’imp ! Depuis ce matin, rien ne marche : le colis qui devait arriver entre 7 heures et 18 heures n’a pas été livré, je ne peux absolument pas à me connecter au moindre site Internet, mes mots de passe sont obsolètes apparemment, la batterie de mon téléphone m’a lâchée, je me suis engueulée avec ma mère qui me reproche d’être égoïste, ma carte de bus est aussi épuisée que moi, je ne trouve plus mes clés, mes post-it et ma tête aussi, mon collègue a chopé la Covid. Quelle vie ! Je me sens dématérialisée. Comme si j’étais passée de l’état analogique à l’état numérique, tout est glacial, c’est l’hiver, j’ai froid et je suis cas contact. Il paraît qu’on va tous finir par l’avoir dans le pif. Je fais quoi ? », elle a conclu en me regardant comme si j’avais une solution. J’ai eu envie de répondre viens chez moi écouter Mozart et boire une bière, mais, je n’ai rien dit. En fait, je n’ai rien eu le temps de dire. Ma voisine était en train de répondre à un appel. Elle disait qu’elle n’entendait rien, qu’elle était dans l’escalier, elle disait « je rentre, mais j’ai perdu mes clés bordel ». J’ai fermé ma porte, j’ai écouté Mozart seul et j’ai ouvert une bière en me disant « belle pièce, compliment au créateur ». Je crois que finalement, je n’ai rien compris au film.