Tu connais Jacky, m’a demandé ma voisine ? J’ai répondu, comme n’importe qui l’aurait fait : quel Jacky ? Parce que des Jacky, j’en ai connus un régiment. Y’en avait un qui tenait la buvette au club house, un autre qui faisait de la moto, encore un qui avait épousé la sœur de René le voisin des Muller, y’a même une chanson de Brel qui s’appelle Jacky. Bref, des Jacky, c’est comme les automobilistes qui transpirent sur l’autoroute des vacances, pas la peine de les chercher, ils sont partout. Alors elle m’a dit : Non, mais LE Jacky, celui de
Brumath ? J’ai dit : ah, LE Jacky de Brumath ? Non, connais pas ! Elle m’a regardé comme si j’avais raté mon bac (genre cette année, il le donne à n’importe qui…) et elle a ajouté, tu vis où exactement ? Sur quelle planète mec ? C’est affligeant de ne pas connaître son territoire à ce point, Jacky, tout le monde le connaît ici, t’as qu’à lire Maxi Flash ! J’ai rétorqué que ce n’est pas parce que tout le monde le connaît et qu’il est dans le journal que c’est bien, et elle réplique : je vais te le présenter, fais-moi confiance, c’est un type génial. Alors, comme si c’était son discours de politique générale, vu qu’elle est ma première voisine et que je respecte les institutions, j’ai répondu que c’était d’accord. On a pris un rendez-vous la semaine prochaine. Je ne sais pas si Jacky sera là, mais je sais qu’avec tout ça, cette année encore, j’ai raté la Journée internationale du baiser, moi qui avais imaginé inviter ma voisine à dîner avant de l’embrasser à Haguenau plage, coquillages et crustacés. Et puis, je me suis dit que si ça se trouve, le baiser, elle avait envie de le partager avec un Jacky. Y’en a bien un qui est sorti du bois, et qui lui chante sa chanson à lui, celle du temps où il s’appelait Jacky.