Personne n’est dans la rue, personne ne traîne, les gens qu’on voit sont des gens qui passent, vite. J’observe les gamins de 10 ans, c’était il y a 60 ans, qu’est-ce qu’ils ont changé ! Tous les mêmes, la dégaine, le survêt, les baskets, l’air renfrogné, le nez dans un écran en marchant. Nous étions tous dépareillés, les habits des grands frères et des manteaux bricolés, retournés, le côté usé dedans. Pas de tatouage, mais aux genoux des égratignures rouges de chutes à vélo, les vélos des parents trop grands pour nos petites jambes. Les pantalons longs en Tergal, on ne les voyait dans la rue que le dimanche. La promenade faite de détours est sans fin. Mais un jour on s’arrête, non par langueur, mais pour aller de l’avant. L’éternel recommencement se nourrit d’un passé qui s’efface, la mélancolie lasse. Merci à tous les Haguenoviens qui ont reconnu et salué leurs coins de rue dans les Retours et les Détours de ceux des Fourmis, merci à l’équipe de Maxi-Flash de sa confiance pour cette aventure urbaine.
Ambroise Perrin
Ambroise Perrin termine avec cet épisode sa série « Détours rue des Fourmis » qui revisitait le retour dans la rue de son enfance en observant les détails qui avaient changé dans les maisons, les jardins et les voisins. À la rentrée, notre chroniqueur proposera une nouvelle série, « J’étais là, ce jour-là », l’exploration insolite en Alsace d’un moment précis très particulier décelé dans les grands livres alsatiques. Le lecteur y sera sur place « comme pour de vrai ». Premier épisode, intitulé « le 17 août 1832 », le jour où Victor Hugo vit pour la première fois le Rhin, recueil sur le fleuve qui sera publié dix ans plus tard.