Le 28 septembre dernier, Sandrine, Olivier et leur famille rencontraient Yu, 16 ans, pour la première fois. Cette jeune Chinoise s’apprêtait à passer dix mois en Alsace du Nord. Une grande aventure pour elle qui ne parlait alors pas un seul mot de français, comme pour ses parents d’accueil et leurs deux jumeaux de 10 ans, Thibaut et Emma.
S’ouvrir aux autres
La famille se questionnait depuis quelque temps sur l’accueil d’un enfant au sein de leur foyer. « On a une grande maison et on avait envie de s’ouvrir culturellement. Alors on a regardé les dossiers, un peu par hasard. Mon mari et moi avons tous les deux eu un coup de cœur pour Yu. Nous en avons parlé à nos jumeaux très fusionnels, car il s’agissait de faire entrer leur nouvelle « sœur » dans notre maison. On ne l’aurait pas fait s’ils n’en avaient pas eu envie », se souvient Sandrine. Deux semaines après avoir pris leur décision, rempli le dossier et rencontré une responsable de l’AFS, Yu est arrivée.
« Au début, Yu ne parlait pas français, et j’étais la seule de la famille à avoir quelques notions d’anglais. La communication était compliquée. C’était fort en
émotion ! », poursuit Sandrine.
« La Chine dispose d’une culture très différente de la nôtre. Ils sont moins tactiles et plus pudiques vis-à-vis de leurs sentiments. C’était difficile de savoir si Yu se sentait bien dans la famille. Nous avons tout de suite mis en place des règles de vie, pour l’intégrer complètement, et qu’elle se sente comme notre propre enfant. Elle nous appelle Papa et Maman, pour être sur le même piédestal que les autres. »
Des différences culturelles
En quelques semaines, Yu parlait français. Et tout se passe bien. Les différences culturelles sont même des sujets de rigolade. « Yu n’aime pas quand on cuisine « trop français » », rit-elle. Au lycée de Walbourg, où elle est scolarisée, les professeurs et élèves ont pu remarquer la différence de niveau entre les deux pays. « En Chine, le niveau de mathématiques est beaucoup plus élevé. Ce qui est au programme en seconde en France, a déjà été étudié à la fin de l’école primaire en Chine ! », s’étonne Sandrine.
Yu, Thibaut et Emma s’entendent très bien. Cet échange est un véritable bénéfice pour toute la famille. « On apprend beaucoup d’elle, et nos jumeaux aussi : ils ont appris l’anglais pour communiquer avec elle au début. Sa venue nous a permis de nous recentrer et de faire de notre famille une priorité. C’est un véritable épanouissement difficile à expliquer aux personnes qui ne le vivent pas. Je sais déjà que le mois de juillet
va être très compliqué. »
Sandrine, Olivier et leurs enfants prévoient déjà de retrouver Yu dans les années à venir, lors d’un voyage par exemple. Yu voulait absolument découvrir la France, dans laquelle elle exercera peut-être son futur métier de traductrice.
50 pays du monde
Quand ils seront plus grands, Emma et Thibaut souhaiteront peut-être, eux aussi, étudier ailleurs. Ces échanges culturels sont proposés par l’AFS Alsace. Cette association internationale de séjours linguistiques et interculturels accueille chaque année 450 lycéens internationaux et envoie 400 lycéens français dans 50 pays du monde.
« L’AFS Alsace promeut la Paix et l’ouverture sur le monde », explique Sylvie Riegert, sa Présidente. « Le jeune choisit le pays dans lequel il souhaite étudier, mais pas la Région ni la famille, et se retrouve souvent en milieu rural. » Cinq d’entre eux sont accueillis cette année dans le lycée de Walbourg. Ils peuvent partir deux, trois, six mois, ou un an. Et l’association est toujours à la recherche de nouvelles familles d’accueil.
Un projet pour la Paix
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, des AFSeurs de France et d’Allemagne se sont retrouvés en novembre et se sont demandé comment s’engager pour la Paix. Ils ont décidé de mener des actions concrètes, qu’ils ont restituées ce samedi à l’IUT de Haguenau. Le lycée des Pontonniers a organisé un nettoyage des rues de Strasbourg par exemple, tandis que celui de Walbourg a créé une chanson parlant du racisme.
Ils ont été amenés « à partager leurs expériences et à se positionner pour maintenir cette paix très précieuse et tellement fragile qu’il nous faut défendre au quotidien », conclut Sylvie Riegert.