Et si un banquier passait en cuisine, un chercheur à la sommellerie et un ambassadeur au service en salle ? Tel est le concept de Chef Art’East, qui mêle astucieusement parmi ses membres « les métiers de bouche nécessaires à la conception des soirées, à nombre d’épicuriens, qui savent bien manger, bien boire, ont le sens des autres et envie de passer du temps à découvrir ce métier et enfin, aux artistes—réalisateurs télé ou cinéma, musiciens, peintres, plasticiens, designer culinaire, photographe… », énumère le président Richard Guyomard.
Créée en 2014 avec « l’envie de mélanger les disciplines et faire se rencontrer les gens, et que ce soit désintéressé, en apportant notre soutien à d’autres causes, tout le monde étant bénévole », Chef Art’East organise un ou deux « événements culinaires et artistiques d’ampleur par an ». Avec son expérience d’une vingtaine d’années en tant que chef au Cercle militaire de Strasbourg, et dorénavant directeur donc éloigné des fourneaux, Richard Guyomard voit en son association « la possibilité de poursuivre ce beau métier ».
Des produits locaux mis en scène
Dernier dîner en date, celui de novembre dans la salle du Barabli de Germain Muller, où l’idée était de « donner une visibilité et un bel écrin à la troupe amateur de Neubois, et pour nous, de créer toute une mise en scène culinaire autour du cabaret ». Dès l’entrée, « composée de chou et de riz, hommage à la Choucrouterie—on joue sur les mots ! Avec des produits locaux, les saveurs étaient alsaciennes et asiatiques, un nem de choucroute, un bun bao de joue de porc glacée à la bière…» Sans oublier le travail sur les contenants, par exemple « l’entrée ne devait pas faire de bruit pendant le spectacle ».
Victimes de leur succès, les dîners affichent rapidement complet, comme celui dans le noir au profit d’une association d’aveugles, où certains ont cuisiné, d’autres ont peint. De même, “Par tous les Saints”, organisé à l’église St-Pierre-le-jeune, avec du Saint-Émilion, des Saint-Jacques, du Saint-Nectaire, un Saint-Honoré et même de la San Pelligrino !
« C’est un travail sur le plaisir de la table et les différents sens mis en œuvre, mais on ne répète pas les choses sinon on s’ennuie, et cela demande six mois de préparation »,
note le président.
Pour lui, « trop de spectacles sans dîner et de dîners sans spectacle existent, l’idée c’est qu’il y ait une vraie relation entre l’assiette et la salle, cette théâtralité du service, les couleurs, les goûts poussés au maximum de la créativité
artistique. »