En lisière de forêt, juste à l’entrée du parcours de santé à Schweighouse, des maisonnettes multicolores bourdonnent de plaisir. Les vingt-sept ruches appartiennent presque toutes aux adhérents qui apprennent ici les gestes de l’apiculteur pendant un an avant de les emporter. « La commune nous prête un terrain avec des plantes mellifères », montre Jacques Didier, le président. « Les apiculteurs sont Claudine et Guillaume ». Éducatrice spécialisée de métier, Claudine s’est formée auprès de Gérard Lickel, le président d’Api-Moder, qui s’occupe de la partie théorique depuis mars. Puis, d’avril à septembre, rendez-vous au rucher-école pour la pratique.
Un monde miniature
Alors qu’elle enfile une combinaison stockée dans son coffre avec tout le matériel de l’apiculteur – une pince, des copeaux pour l’enfumoir, un outil pour marquer les reines en vert cette année…—, Claudine décrit ses petites protégées comme « gentilles. Les reines viennent d’Autriche, c’est la race Carnica. Mais il faut tout de même rester humble, elles ont beau faire 1g, peu importe qui tu es, elles peuvent te tuer en 20 min ! » Calme et bonne humeur sont au programme du rucher-école, puis « la magie » opère : « C’est quasiment une thérapie », estime Claudine.
« Nous avons accueilli un enfant avec un trouble alimentaire qui a goûté au miel, une dame qui a perdu son mari et refusait de sortir, et je vais dans les écoles, les EHPAD… Les abeilles canalisent et exigent une maîtrise de soi ».
Si la première récolte de miel prend un an, ce mois-ci les apiculteurs en formation pourront tout de même s’y initier : « Dans sa vie, qui dure six mois, une abeille produit tout juste une cuillère à café de miel, et pourtant on récolte 3 kg par cadre ! » s’enthousiasme Claudine. Puis viendront la transhumance, quand les essaims de 80 000 individus sont conduits en montagne, et une récolte de miel de sapin.
La mise en pots sera assurée dans la miellerie que les Didier construisent à leur domicile : « Nous aurons un extracteur électrique et un manuel que les gens pourront emmener. Il suffit de mettre le cadre dedans et… c’est magique ! »
Chacun peut ainsi toucher du doigt un monde miniature dont notre planète dépend. Pourvu que les écarts de températures, les pesticides, et les frelons asiatiques ne s’en mêlent pas, les abeilles rendent heureux !