Votre résidence se termine dans un an par une nouvelle pièce, Revenir, que vous avez créée hors les murs. De quoi s’agit-il ?
Catherine Javaloyès : J’ai écrit à l’auteur Guillaume Poix car j’avais repéré un texte sur la mémoire, mon fil rouge à Haguenau. Et il m’a envoyé l’inédit Revenir, que nous avons joué dans des endroits où le théâtre n’existait pas. Une maison des associations, une médiathèque, une chapelle… Je l’ai mise en scène avec trois comédiens, un costumier, et une scénographe. C’est l’histoire d’une fratrie qui revient devant sa maison natale, pour différentes raisons. Les madeleines de Proust sont partout, et réactivent l’intimité profonde, les racines, comme une remise en action d’une relation qui n’a pas été assez exploitée à l’époque. Le thème contemporain est mon cheval de bataille, et dans le mot revenir, il y a quelque chose de l’ordre de la mémoire réactualisée, à laquelle on remet du présent.
Comment passe-t-on de lieux insolites au format classique d’une scène de théâtre ?
Nous sommes au début de la construction de la grande forme, pour une représentation en novembre 2025. Revenir, c’est aussi entre les quatre murs dans ma maison, le théâtre. Le rapport au public sera différent, puisque nous serons en frontal alors que nous avons beaucoup joué avec les spectateurs, en proposant des chips, en passant au milieu… Il va falloir s’amuser à créer l’espace, développer la musique et les sons, la nature, la mer, le vent, et les lumières aussi, puisque jusque-là nous étions à cru, avec des néons, un plafonnier… C’est très stimulant, quelque chose se réinvente !
Que retenez-vous des deux années de résidence passées ?
J’adore travailler en option théâtre au lycée Schuman avec Audrey Siméon, professeur de lettres, le rapport aux adolescents est très fort, c’est un âge en mouvance où ils ont envie de tout, de n’importe quoi. Et j’aime aussi le rapport à l’âge plus avancé, on a travaillé à la maison sénior Damecosi à Haguenau, face à des personnes qui n’ont plus rien à prouver, qui sont sans filtre, ils ont été les premiers à recevoir Revenir. Et puis je garde l’Humour des notes, les déambulations, j’ai lu à bicyclette, les Journées du patrimoine, le comité de lecture que j’ai monté l’année dernière, des tranches de vie, des parenthèses fortes… J’aime quand l’humain se regarde, et plus j’avance, plus je vais vers une forme de simplicité, j’élimine les détails. Cela fait partie du chemin de vie en général, on se déleste.