jeudi 13 février 2025
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Mauvais élève de Philippe Vilain

Un récit dans lequel Philippe Vilain ausculte avec une précision implacable l’ascension sociale, le pouvoir des mots et la quête d’appartenance. Éditions Robert Laffont.

Dans Mauvais élève, Philippe Vilain ne se contente pas de raconter une histoire :
il dissèque un parcours, celui d’un écrivain venu d’un monde où la littérature était une étrangère. Avec une plume précise et élégante, sans emphase inutile, il se raconte, mais avec cette pudeur propre à ceux qui préfèrent la profondeur des idées au fracas des déclarations. Il revient sur son ascension sociale, ce lent décalage qui le sépare de ses origines populaires sans jamais lui offrir pleinement l’appartenance au monde intellectuel qu’il admirait tant. Ce malaise, Vilain l’analyse avec une lucidité presque implacable :
ni tout à fait fils de son milieu d’origine, ni tout à fait adopté par les cercles littéraires où la hiérarchie, les ambitions masquées et les faux-semblants régissent les relations. Mais ce livre dépasse largement le simple récit d’un homme en quête de reconnaissance. Il est une déclaration d’amour à la littérature, celle qui éduque, qui façonne l’individu tout en exigeant de lui un abandon total. L’écrivain médite sur le pouvoir des mots, sur leur capacité à transfigurer le réel, mais aussi à imposer un combat permanent : contre soi-même, contre l’injustice des origines, contre les compromis qu’exige le monde des lettres.

Un texte d’une rare finesse, vibrant d’intelligence

Et s’il évoque Annie Ernaux, ce n’est ni pour régler des comptes ni pour raviver des querelles. Ernaux devient presque une allégorie dans ce texte : celle de la littérature rigoureuse, implacable, mais qui ne laisse jamais de place au superflu. Vilain analyse cette rencontre comme on scrute une fracture dans une œuvre d’art : avec distance, mais sans froideur, loin du mépris ou de l’amertume. Si la littérature ne réconcilie pas, ne gomme pas les fractures, nous dit-il, elle donne cependant à celui qui s’y consacre un pouvoir inestimable : celui de nommer, d’éclairer, et d’inscrire dans le langage ce qui, sans elle, resterait dans l’ombre. Alors comment ne pas se réjouir de plonger dans ce récit poignant que nous livre l’auteur dont certaines pages, d’une beauté incandescente nous laissent transis ?

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