Maxi Flash : Reconnu comme le « Pape » de l’internet français pendant plus de trente ans, vous avez toujours trouvé le temps pour votre autre passion : la bande dessinée. Quelle a été votre première expérience dans ce domaine ?
En 1999, étant passionné par les histoires d’Astérix et Obélix, j’ai décidé d’y consacrer un livre, en lien avec Albert René, une maison d’édition fondée par Albert Uderzo, et la fille de René Goscinny, Anne. Il s’appelait Le livre d’Astérix le Gaulois et a rencontré un certain succès. Trois autres ont suivi : Le Dictionnaire Goscinny (JC Lattès, 2003), Goscinny (Éditions du Chêne, 2005) et Le timbre voyage avec Astérix (La Poste, 2009), pour les 50 ans de la création du héros gaulois. Il en reste des souvenirs à la pelle. Ça a été beaucoup de travail et de passion.
Iznogoud est la première bande dessinée que vous avez scénarisée. Comment avez-vous procédé ?
Après avoir écrit sur l’univers d’Astérix et son auteur, j’ai eu envie de passer un cap : expérimenter l’écriture. Je me suis lancé en écrivant des histoires d’Iznogoud. Quand j’en ai parlé à Anne Goscinny, fille de son créateur, elle m’a poussé à continuer et je l’ai écoutée. C’est ainsi qu’en 2021 je suis devenu le scénariste de la bande dessinée. J’ai déjà contribué aux numéros 31 et 32. Le 33 est finalisé. Il sortira en octobre.
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Ensuite, vous avez donné vie à de nombreuses autres séries. Continuez-vous à les faire vivre ?
Effectivement. J’ai d’abord lancé Voogle, qui se moque de l’univers des start-ups, mais aussi Mila, inspirée de ma chienne. Grifil, Tatêth, Les Graffeurs, Docteur Foulamor et même Iznogoud ont suivi. Je continue de publier quelques histoires courtes de chacune de ces histoires dans Pif Gadget, un magazine français de bande dessinée créé en février 1969.
En 2023, vous avez décidé de vous consacrer à 100 % à la bande dessinée !
Oui, en tant que scénariste, mais aussi éditeur. J’ai fondé ma propre maison d’édition, Klev. Je me suis fixé deux objectifs : donner vie à de beaux objets et mener les projets avec humanité. La maison met un point d’honneur à bien traiter les auteurs, dont moi, mais aussi tous ceux qui travaillent dans la bande dessinée, comme les illustrateurs ou les coloristes. Tout le monde sait que ce n’est pas toujours le cas dans le monde de l’édition. Il a tout de même fallu un an pour tout mettre en place, mais surtout découvrir le monde de l’édition dans ses moindres détails. Avant cette création, je n’étais que scénariste, je n’y connaissais rien à la gestion d’une maison d’édition. Je partais de zéro. Dorénavant, je collabore avec les dessinateurs et les coloristes, mais je suis seul pour gérer l’édition. Tout se passe bien depuis le lancement.
« Nous avions anticipé un engouement, mais pas à ce point »
Une des premières créations de Klev était Sexymol, sortie l’année dernière. A-t-elle rencontré le succès espéré ?
Avec le dessinateur Baba, et le coloriste Bruno Citrugni, nous avons tous fait partie d’un groupe de musique. Sexymol est un clin d’œil à nos vies passées. Elle raconte l’histoire de quatre jeunes garçons un peu désœuvrés, ayant pour objectif de créer un groupe de rock. Nous avons fait le pari de vendre cette bande dessinée hors du réseau classique de distributeurs, en privilégiant la vente en ligne ou lors des salons, par exemple. L’accueil du public a été chaleureux, tellement chaleureux que tout le monde nous a réclamé un tome 2. Je suis en train de travailler sur son scénario. Ce nouveau numéro sera consacré à leur premier concert, mais aussi à la vie en tournée. Au printemps, nous relancerons une plateforme Ulule pour financer sa création. Il paraîtra en fin d’année ou début 2026.
L’actualité, c’est Jeff Mistral ! Le premier tome vient de sortir. Comment s’est déroulée son élaboration ?
Tout comme Sexymol, nous avons lancé une cagnotte Ulule pour financer sa création. Elle a très bien fonctionné. 351 contributeurs ont joué le jeu, ce qui nous a permis de lever 13 000 €. Une partie de l’histoire se déroule sur l’Île Seguin de Boulogne-Billancourt, où une usine Renault a tourné de 1929 à 1992. Pour que le scénario colle au mieux à la réalité, je me suis rendu sur place. J’ai contacté d’anciens salariés qui m’ont donné de nombreuses indications sur les lieux de l’époque. À l’intérieur de l’album, en plus de l’histoire, nous avons intégré une dizaine de pages « making of », dédiées aux coulisses de la production de cette nouvelle série.
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Qui est Jeff Mistral ?
Avec Alain Julié, le dessinateur, nous avons été bercés par Gil Jourdan et d’autres histoires de détectives créées par Maurice Tillieux, un dessinateur et scénariste belge. Beaucoup de gens nous le font remarquer, et ils ont raison ! Nous le revendiquons. Jeff Mistral est un détective privé avec ses faiblesses, l’alcoolisme, notamment. Dans ce premier tome, c’est à lui que revient la lourde tâche d’arrêter des voleurs de diamants. Il s’associe à Aristide Klein, survivant d’une EMI (expérience de mort imminente), qui lui permettrait de réaliser toutes sortes de choses surnaturelles. Ils enquêtent, atterrissent sur l’Île Seguin pour poursuivre les méchants et l’histoire suit son cours. C’est une histoire « one shot ».
Quel a été l’accueil du public ?
Il y a déjà une rupture de stock totale. Nous avons lancé un retirage de 2000 exemplaires supplémentaires en urgence. C’est une folie ! Nous avions anticipé un engouement, mais pas à ce point. Le tome 2 est d’ores et déjà en préparation. Quelques planches ont déjà été validées. Nous avons prévu de sortir un album par an.
Avez-vous d’autres projets dans les bagages ?
Je prépare une encyclopédie consacrée à Rahan, aux éditions Soleil Productions. Tout devra être bouclé d’ici le mois de septembre. Il y a très peu de livres consacrés à ce héros. Ce livre regroupera tout ce que le lecteur de Rahan doit savoir sur le personnage. C’est un travail conséquent !
Les dates à retenir
Les 22 et 23 mars, Olivier Andrieu sera présent au Salon Vin et BD de Beblenheim (68). Le 6 avril, l’auteur participera au Printemps du livre d’Eckbolsheim (67). Les 25-27 avril, il sera au Forum du livre de Saint-Louis (68), puis les 7 et 9 juin au Salon du livre de Haguenau (67).