vendredi 18 avril 2025
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Livre – Un thriller d’anticipation d’une société transhumaniste

Dans son roman Les Dysfonctionnants, Martine Berg-Candolfi imagine un futur où les malades sont exclus de la société et envoyés sur l’exoplanète Antanéa. Atteinte d’encéphalomyélite myalgique, une maladie chronique rare qui lui a arraché dix ans de sa vie, Martine Berg-Candolfi confie avoir retrouvé une existence « normale » depuis peu. De cette épreuve est née l’envie profonde de faire entendre ceux que la société laisse dans l’ombre. Rencontre avec la schilikoise, dont le cœur reste à Fénétrange.

Pourquoi avoir choisi la science-fiction pour traiter de la place des malades dans notre société ?

MBC : J’avais déjà exploré le sujet à travers une autofiction très intime dans mon premier roman Une demi-vie rêvée. J’ai voulu élargir la réflexion et pousser les choses à l’extrême : et si demain, on décidait que les «dysfonctionnants» n’avaient plus leur place sur Terre ? En écrivant ce roman, je me suis inspirée de ma propre expérience face aux institutions : j’ai dû passer devant un tribunal des contentieux pour défendre ma situation et avoir droit à une pension d’invalidité. Ce jour-là, j’avais l’impression d’être une criminelle.

Votre roman évoque une société qui privilégie les « augmentés » et marginalise les plus fragiles. Pensez-vous que nous allons dans cette direction ?

Nous n’en sommes pas encore à exiler les malades sur une autre planète (rires), mais on limite déjà l’accès aux soins, on arrête de rembourser certains médicaments…
Il y a une vraie tendance à valoriser ce qui est performant, au détriment des plus vulnérables.

Les héros de votre roman incarnent différentes formes de résistance. Qu’est-ce qui les unit ?

Tous ont refusé de se soumettre au modèle dominant. Anna est une scientifique à haut potentiel atteinte d’une maladie chronique, trahie par son propre mari qui la fait condamner. Achille, autiste, est forcé de subir une augmentation cérébrale qui lui fait perdre sa mémoire. Delacour, son professeur, est lui-même malade et se soigne clandestinement. Leur humanité et leur capacité à résister les rapprochent, malgré leurs différences.

Anna et Achille sont deux adolescents. Quel message souhaitez-vous faire passer aux jeunes générations ?

Il faut préserver nos failles, car c’est ce qui fait notre humanité. On ne peut pas tout lisser, tout optimiser. L’entraide et la solidarité sont essentielles, et c’est souvent dans l’adversité que naissent les plus belles résistances.

Votre écriture est rythmée, presque cinématographique…

Oui, j’ai pensé ce livre comme un film. Je voulais des chapitres courts, des scènes visuelles, des personnages qui reviennent un chapitre sur deux pour immerger le lecteur dans cette société dystopique.

Vous préparez actuellement une saga historique inspirée de votre propre généalogie. Pourquoi ce changement de registre ?

Je n’ai pas de genre littéraire… pour l’instant (rires). Pour ce troisième ouvrage, je m’appuie sur des archives familiales pour raconter l’histoire de mes ancêtres. Ça m’a permis d’entrer en contact avec un cousin éloigné, ayant en sa possession la Légion d’honneur reçue des mains de Napoléon ! C’est une autre manière de parler d’identité et de transmission.

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