Fondé en 1981, le musée de la Poterie de Betschdorf a élu domicile dans une maison à colombages datant du XVIIIe siècle, reconnue comme étant la plus ancienne bâtisse de Betschdorf. Au quotidien, le musée est géré par l’Association des amis du musée, présidée par Mathieu Remmy, représentant de la 13e génération d’une illustre famille de potiers. Dans ses allées, réparties sur plusieurs niveaux, des poteries de tous les âges, de toutes les tailles et pour tous types d’utilisation sont stockées derrière les nombreuses vitrines : « Les pièces les plus anciennes datent du XIIIe siècle », signale Mathieu Remmy, mon guide du jour. Les céramiques exposées ont été réalisées avec la technique du grès au sel, sur lesquelles le gris et le bleu s’imposent comme les couleurs ancestrales du village. La grande salle, située au rez-de-chaussée, est en réalité un ancien atelier de potier reconstitué :
« Une projection vidéo retrace les différentes étapes de la fabrication d’un pot », détaille Mathieu. Chaque année, des expositions artistiques temporaires complètent ce parcours aussi exceptionnel qu’inattendu.

Sortir de l’ombre
Tel est le titre de l’exposition temporaire de l’été. Corine Kleck et Dominique Haettel, deux artistes originaires de Schweighouse-sur-Moder ont travaillé ensemble sur une création commune, placée dans le grenier du musée, vu comme un espace sombre, de stockage, de mémoire et même de transmission dans l’imaginaire collectif : « Cet espace interroge et nous impose beaucoup de contraintes : sa surface utilisable, sa mansarde, la chaleur en été, le manque de luminosité naturelle, les tuiles apparentes, etc. Nous avons décidé d’intégrer ces contraintes à notre travail, pour en faire des forces », explique Corine Kleck. La création, baptisée Sortir de l’ombre, se compose de 25 pièces textiles réalisées par Corine et de 33 structures biomorphiques en chanvre, chaux et plâtre signées Dominique Haettel : « Les œuvres suggèrent des organismes en transformation, des cocons, des espèces de colonnes pendantes et pétrifiées. Elles sont mystérieuses et nous n’avons pas souhaité les nommer. C’est le résultat de notre adaptation au lieu ».
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L’info en plus
Sur les poteries de Betschdorf, la couleur jaune, qui se fait très rare, provient de l’oxyde d’uranium, un minerai utilisé dans les barres de combustible nucléaire.