lundi 5 mai 2025
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Alsace – Catherine Maranzana, l’essence de la vie

C’est une infirmière, pionnière de l’aromathérapie, impliquée dans Mon Schweitzer, un hommage au célèbre docteur. Maxi Flash a enfilé sa blouse pour rencontrer cette personnalité de l’hôpital Pasteur.

Vous avez introduit l’aromathérapie au sein des Hôpitaux civils de Colmar. On peut dire que vous êtes bien plus qu’une infirmière ?

Alors à l’origine, je suis quand même infirmière, depuis presque 36 ans ! J’ai travaillé pratiquement toute ma carrière en soins intensifs. Et depuis une quinzaine d’années, j’ai développé l’utilisation d’huiles essentielles dans les soins, oui.

Au départ, j’ai voulu apporter quelques fragrances sympathiques, je voulais juste que ça sente bon (rires). Maintenant, je coordonne avec une équipe les soins de support en aromathérapie, c’est-à-dire l’utilisation des huiles essentielles et des concentrés de plantes à des fins médicales, dans plus de 50 unités. On a identifié des problématiques récurrentes, et on a essayé d’y répondre avec des huiles qui, parfois, amènent un bienfait et moins d’effets secondaires. Les bénéfices sont nombreux. Mais ce n’est pas de la magie non plus. On donne près de 10 000 soins annuels, avec une efficacité entre 60 et 74%. Ça agit sur le stress, les troubles du sommeil, l’atténuation des douleurs.

En revanche, ce n’est pas dénué de risques. Les huiles essentielles, c’est du concentré. Pour vous donner une image, une goutte d’huile principe actif correspond à 75 bols de tisanes. Pour mettre ça en place, il a donc fallu rassurer et ramener des connaissances scientifiques.
Mon travail aujourd’hui, c’est d’apporter des soins aromatiques, et de remettre à l’endroit les pratiques, pour éviter les bêtises, lutter contre les clichés. Je suis très sollicitée pour partager mon expérience, j’ai accompagné 200 équipes sur les six dernières années.

Pourquoi avez-vous décidé de faire ce métier, difficile, d’infirmière ?

J’ai toujours voulu faire ça. Prendre soin c’est important, surtout après la pandémie, ça fait sens. Je crois que tout soignant, quand il choisit ce métier, c’est parce qu’il a une histoire personnelle derrière, avec une sensibilité à la souffrance. Le contact, l’échange avec les gens, c’est magique. Et j’ai vécu au fin fond de la Bourgogne, au milieu des jardins, c’était ma vie et ça marque. J’ai été élevée au milieu des plantes, et ça amène une sensibilité particulière à la vie.

Au cœur des Essences, de Sonia Blondeau, sorti en 2018 aux éditions le Dauphin Blanc. Un livre consacré à Catherine Maranzana et à sa pratique d’aromathérapie. / ©Dr
La médecine, l’importance du végétal et de la vie, des éléments qui font penser à Albert Schweitzer…

Bien sûr. Ce qu’il a apporté au soin me parle depuis longtemps. Quand on voit ce qu’il a fait à Lambaréné, c’est incroyable.

Ce n’était pas seulement voir l’autre comme un organe qui ne va pas bien, mais comme une personne avec son histoire, sa culture, ses croyances, ses limites. C’est important de prendre soin du patient dans sa globalité et Schweitzer l’avait très bien compris.

En plus, il prenait soin de tout ce qui était vivant, pas seulement de l’humain. Son côté médecin m’émeut, c’est le cœur de mon métier. Surtout depuis que j’ai visité le musée de Gunsbach. Il est magnifique. De voir que les femmes du village ont tricoté des bandes pour soigner les patients atteint de la lèpre à Lambaréné, ça m’a touchée. Et puis, il y a le végétal, qui est thérapeutique. Ça aussi, il l’avait compris.

Vous avez justement participé au livre Mon Schweitzer. Que racontez-vous dans votre récit ?

J’y évoque mon lien avec lui, quand j’ai découvert son travail.
Je suis en Alsace depuis près de quarante ans, dans la vallée de Munster, donc je ne pouvais pas l’ignorer (rires). J’ai découvert un bonhomme avec une capacité de travail incroyable, organisée, d’une grande humilité. Il a ramené ses connaissances, tout en prenant en compte ce que l’autre pouvait apporter pour enrichir le soin. Cela m’a beaucoup guidée, parce qu’on tend vers ça quand on est soignant. Quand l’auteur Francis Guthleben m’a demandé de participer, au début, j’ai cru que c’était une blague. Puis je suis allée voir le musée et là, ça a vraiment créé une connexion. Vu le monde dans lequel on vit, je retiens une chose du docteur : son profond respect de la vie.

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