IGLOO ON AIR : C’est quoi, exactement, un îlot de chaleur urbain ?
Gilles Garnier : C’est un phénomène dû à la concentration de surfaces minérales – béton, bitume, voitures – qui absorbent la chaleur en journée et la restituent la nuit. Résultat : les températures baissent peu, parfois d’un ou deux degrés seulement, ce qui empêche les logements de se rafraîchir naturellement.
Quels sont les effets concrets dans nos logements, notamment en cas de
canicule ?
Avant, on pouvait aérer la nuit pour faire entrer de l’air frais. Aujourd’hui, même la nuit, les températures restent élevées, surtout dans les quartiers très urbanisés. On observe une baisse de température nocturne de seulement 1 à 3°C contre 8 à 10°C il y a encore quelques décennies.
L’inertie thermique, de quoi s’agit-il ?
C’est la capacité des matériaux lourds (béton, maçonnerie) à absorber la fraîcheur la nuit pour la restituer dans la journée. Plus un bâtiment a d’inertie, plus il est capable de réguler sa température intérieure sans climatisation. C’est une solution naturelle, efficace et durable.
Peut-on adapter la construction pour mieux résister à la chaleur ?
Oui, en choisissant des matériaux à forte masse volumique comme la laine de bois ou la paille compressée. Il faut aussi réhabiliter des techniques anciennes comme l’utilisation du sol, par exemple avec un puits canadien, qui permet de rafraîchir l’air entrant en le faisant circuler sous terre.
Et pour les rénovations ?
Il s’agit de composer avec l’existant : valoriser l’inertie thermique déjà présente, choisir des isolants denses et exploiter les ressources naturelles, comme une cave fraîche ou une nappe phréatique proche. Il faut penser le confort d’été autant que celui d’hiver.
Quel est le rôle d’un bureau d’études comme ILLIOS Ingénierie dans cette démarche ?
Nous intervenons pour concevoir des bâtiments ou des rénovations qui répondent aux enjeux actuels. L’idée, c’est d’adopter une approche globale, en intégrant la thermique, la ventilation, l’acoustique et même l’environnement urbain autour du bâtiment.
Faut-il changer notre manière de penser la ville ?
Absolument. Il faut repenser l’urbanisme en tenant compte de la ventilation naturelle, des masses d’eau, de la végétalisation et du retrait de la voiture en surface. L’orientation des bâtiments, les protections solaires, et l’aérologie urbaine doivent devenir des priorités dans l’aménagement.
