Né à Haguenau, Can Akkuzu a treize ans, quand il s’exile pour progresser et devenir l’un des meilleurs joueurs de tennis de table du monde. Aujourd’hui, à 21 ans, il vient d’entrer en équipe de France et dans le Top 100 mondial. Pour l’instant, ses meilleurs classements sont 67e mondial et 3e français. Ses derniers matchs, et notamment cette défaite de deux points seulement face à une légende de son sport, Timo Boll, le 4e mondial, sont de bons présages pour l’avenir de Can qui dispute la Ligue des champions avec son club de Pontoise-Cergy et qui rêve des J.O.
Vous êtes très attaché à vos racines, à la région ?
Oui, la première fois que je suis allé à l’école, c’était à Haguenau, j’ai commencé le tennis de table ici au TTH, c’est mon enfance. Mes parents sont nés en Turquie, mais ils se sont installés ici. Toute ma famille est à Haguenau, je reviens dès que je peux. Je fais le tour du monde, mais quand je reviens à Haguenau, je suis content. Je suis encore en contact avec les gens du club, comme Julien Jung ou Christophe Meyer, à chaque fois que j’en ai l’occasion je viens m’entraîner avec eux, ça me fait très plaisir.
Comment avez-vous découvert le ping-pong ?
Je faisais d’autres sports, du basket ou du foot, et l’hiver mon père m’emmenait au tennis de table, il jouait en équipe première de Haguenau. Julien Jung m’a repéré tout de suite.
C’est une vie particulièrement difficile, d’être livré à soi-même si jeune ?
Oui, forcément, tout petit j’allais souvent seul en compétition les week-ends, et puis, il a fallu que je parte. J’avais envie de me donner toutes les chances de réussir mon projet. C’était très dur pour mes parents et mon frère, mais ils savaient que c’était pour mon bien, que je partais pour une bonne raison, pour m’épanouir dans mon sport. Ils étaient rassurés, car j’ai toujours été bien encadré. J’ai fait sport étude au Collège des Missions Africaines, à 13 ans j’ai fait un an au Creps de Strasbourg, puis de 14 à 17 ans, le pôle France de Nantes, de 17 à 18 ans, un an à l’ISEP à Paris et depuis mes 18 ans, je suis dans un centre d’entraînement à Ochsenhausen en Allemagne où je vis.
Quelles sont les qualités d’un très bon joueur de tennis de table ?
Il faut faire preuve de beaucoup d’envie, de patience et de persévérance. Il faut croire en soi. De la vitesse et du mental aussi. Je n’ai pas toujours ce que je veux, mais je m’entraîne six heures par jour, j’ajoute du travail physique. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous, parfois je suis un peu déçu, mais l’envie revient toujours. J’aime vraiment ça.
Vous avez également poursuivi vos études, et obtenu votre bac, avec mention très bien…
Oui, j’ai suivi le cursus, au début à Nantes, à Paris, mais j’ai passé le bac en candidat libre. Même si je suis pongiste professionnel et que je gagne ma vie (on peut bien gagner sa vie avec le tennis de table si on a un bon club et un bon classement) les études sont importantes, j’ai envie de me cultiver.
Vous avez rencontré celui qui est votre modèle ?
Oui, j’ai échangé avec Jean-Philippe Gatien qui dirigeait Cornilleau, mon sponsor. Ses conseils ont été précieux. Je me dis qu’un Français a réussi à devenir champion du monde, donc, ce n’est pas impossible.
Et l’avenir, ce sont aussi les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, vous venez d’entrer en équipe de France, forcément vous y pensez ?
Oui, il fallait d’abord entrer en équipe de France, être dans les meilleurs Français. Et forcément Tokyo est dans un coin de ma tête. J’ai envie de titiller ceux qui sont en haut.