mercredi 3 juillet 2024
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Ce jour-là j’étais là – L’université célèbre l’histoire de l’Alsace

C’était le début du week-end, ce 31 mai 1986 et à la fac de Lettres à Strasbourg, la petite salle des fêtes était exceptionnellement ouverte : toute la communauté des professeurs d’histoire se réunissait pour fêter les 70 ans du Doyen Georges Livet, et lui remettre le premier exemplaire d’un très volumineux ouvrage publié par la Société savante d’Alsace, intitulé L’Europe, l’Alsace et la France.

J’accompagnais mon père, professeur d’histoire de lycée et ex-prof de français, qui avait repris ses études à l’âge de 40 ans, incité par son proviseur Serge Perrot et soutenu par Georges Livet qui lui fera passer son CAPES d’histoire… en mai 68 !

Se développera ensuite une relation amicale basée sur un respect mutuel. Ce sont 41 professeurs d’université qui ont contribué à ce gros volume, dont Jean-Pierre Kintz, spécialiste des journaux politiques strasbourgeois sous le Second Empire, et dont j’ai suivi les cours à l’école de journalisme.

Georges Livet a dynamisé l’université « qui étouffait dans bien des carcans », en l’ouvrant à un plus grand nombre d’étudiants issus de l’essor démographique et démocratique de l’enseignement. Il a coordonné la coopération pédagogique au sein de l’Association inter-universitaire de l’Est. Il a publié des collections sur l’histoire de Mulhouse, Colmar et Strasbourg, et codirigé une Histoire générale de l’Europe.

Jean-Michel Boehler s’est attaché à décrire la campagne alsacienne au XVIIe siècle. Les terroirs sont envahis par les friches et les ronces, et Colbert organise une immigration par octroi de propriétés de terres vacantes à des populations des vallées alpestres et surtout de la Suisse alémanique. L’Alsace, le beau jardin selon la légende, devient l’une des plus belles possessions du Roi grâce à « l’abondance naturelle et la bonté du sol ». Le marquis de Pezay s’extasiera : « Quel beau spectacle qu’une plaine limoneuse où la fécondité uniforme interdit la jalousie aux propriétaires de plusieurs lieues à la ronde. Que de vraies richesses venant de la terre, que ces champs allemands sont français ! »

L’Europe, l’Alsace et la France, hommage à Georges Livet, 1986, librairie Oberlin.

Ambroise Perrin

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