Jamais je ne dirai que c’était mieux avant, c’est rétrograde et inexact, m’a dit ma voisine l’autre jour en revenant de son cours de danse. Avant, dans le monde, il y avait aussi des drames, des politiques discutables et inacceptables, des fous qui s’en prenaient aux innocents, des injustices pas que sociales ; on apprenait tout ça en lisant le journal ou en regardant celui de 20 heures. À l’époque, les infos étaient crédibles, vérifiées.
On vivait peut-être dans une forme d’innocence et de naïveté, elle a ajouté. Maintenant, on est en courant de tout dans la seconde. En trois minutes un ordinateur peut « écrire » un roman. Et dans cette masse folle d’informations, il y a un tri réalisé en fonction du média que l’on consulte. Pour les réseaux sociaux, ce sont les algorithmes qui décident, ils sont conçues de telle façon qu’ils vont vous montrer ce qui va générer le plus de commentaires, le plus de clics, les plus de rancœur, de ressentiments. Les algorithmes exposent ce qui nous monte le ciboulot, c’est-à-dire le pire.
C’est un petit peu comme chez Hanouna, on utilise la misère et les drames pour faire de l’audience en faisant croire que l’on est le sauveur d’un système que l’on a créé. Au détriment des plus jeunes qui eux n’ont pas forcément conscience de tout ça. Dans notre monde imparfait, il y a des atrocités, il y a des débats que l’on doit amener, il y a des dirigeants qui braquent la planète, c’est un hold-up à cerveaux armés, oui il y a tout ça, mais il y a aussi les évènements heureux, il y a le beau, les émotions, le ciel et le chant des oiseaux, la musique, le parfum des fleurs, le meilleur de l’être humain, ses grandes qualités, sa résilience, sa capacité à faire cause commune, à vivre avec ceux qui sont différents.
Il y a ça, mais la tendance est à l’oubli de toute cette humanité, tourneboulés que nous sommes par toutes ces infos qui arrivent de partout. Les conséquences sont terribles. Les algorithmes sont des cellules cancéreuses qui prolifèrent dans le corps de la planète. Ils encouragent les anomalies, la haine, ils métastasent nos têtes et font disparaître l’altérité, la compassion, l’amour de son prochain, le besoin de connaissances, le besoin de dialogue, en un mot, la liberté, en deux mots, la liberté et la paix. Ne cédons pas un centimètre de piste, et continuons de danser… avec ou sans les stars, en s’éloignant des algorithmes comme d’un mauvais pas.