L’association Le GEM L’Azimut fait partie des Groupes d’entraide mutuelle qui existent depuis 2005 dans le cadre de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Le GEM de Haguenau est au 13 rue Capito, il compte 80 adhérents, une trentaine de personnes le fréquente quotidiennement : « C’est un lieu qui se base sur deux socles, la liberté de circulation et la bienveillance entre des personnes qui ont des parcours de vie cabossés », indique Nicolas Ott, salarié à temps plein de l’association financée par l’Agence Régionale de Santé et qui, au sein de la ville de Haguenau, participe au Conseil local de santé mentale.
Un lieu du quotidien
Dans les bureaux de l’association, pas de dossiers médicaux, pas de projet ou d’objectif individualisé, on évite les jugements sur les difficultés dans l’engagement, sur les retards, sur les performances : « On ne se formalise pas là-dessus et on essaye de faire en sorte que chacun puisse exprimer ses qualités. L’avantage, c’est que l’on se fout des pathologies, on accueille les personnes dans leur entièreté, à travers leur parcours de vie, leurs histoires et leur parcours de malade. Notre association est ouverte aux personnes qui souffrent de fragilités psychiques, mais ce n’est pas une question que l’on va poser à ceux qui franchissent le pas de notre porte ». C’est un lieu du quotidien, un lieu de libre circulation où sont organisés des petits déjeuners, des repas, des sorties, des ateliers, où jaillissent les compétences et le savoir-faire des membres de l’association.
Une question collective
En quelques années, le GEM L’Azimut a bousculé les choses, sur la responsabilité collective de la question. « Les familles, médecins généralistes, les personnes qui fréquentent le lieu et les services de psychiatrie et d’addictologie, les infirmiers et même le buraliste du coin, celui qui tient le café du coin, comment peuvent-ils se saisir de cette question, ensemble ? Cela fait cinq ans qu’on se pose plein de questions sur ce que l’on peut faire, sur notre place sur le territoire psychiatrique. C’est pour cela que nous avons organisé ce forum. L’idée est de se poser, de raconter un peu ce qu’on fait, ce que représente le quotidien pour nous. »
Le goût des autres est un moteur
Le programme de cette semaine proposée par les usagers a été conçu collectivement. Lors du comité de pilotage du forum, autour de la table, il y avait par exemple le directeur des affaires sociales de la ville de Haguenau ou un infirmier du service psychiatrique. Le premier rendez-vous sera celui de l’accueil inconditionnel. Puis, des groupes de réflexions aborderont la question du travail au sein du champ de la santé mentale, et la place du salarié, son rôle et ses missions, avant un café psy organisé avec la plasticienne Éléonore Dumas (26/11 à 18h, au Café le Brooklyn à Haguenau). Le lendemain, place au ciné-débat au Mégarex autour du film de Gérard Miller « La folie à l’abandon » (entrée libre, réservation souhaitée). Le jeudi 28/11 à 15h au Café associatif Safe Haven, le psychologue Louis Prost, qui a travaillé pendant 30 ans au CMP de Haguenau, sera là pour parler de la singularité de la personne et son rapport au monde, comment la fragilité psychique ou le trouble envahit le quotidien et rend la personne singulière. Il en sera encore question le 29/11 en début d’après-midi salle du millénium, avec l’anthropologue Thierry Goguel. Le forum se terminera par une soirée tartes flambées le 30 dans les locaux du GEM à partir de 18 heures (sur inscription).
Un avenir en réflexion
L’association déménagera bientôt et réfléchit à une nouvelle structure juridique : « L’idée est de faire en sorte que les acteurs et les membres du GEM, les invisibles comme on les appelle, puissent participer à la gestion. C’est encore une fois un prétexte pour permettre à ceux qui sont éloignés du champ collectif de s’y réinscrire et d’exister », conclut Nicolas Ott.