La manufacture a été fondée en 1998 par Quentin Blumenroeder et son épouse. Initialement installée à La Walck, elle a déménagé à Pfaffenhoffen, avant de définitivement intégrer une ancienne grange dimière haguenovienne datant du XVIe siècle, en 2007. Ce lieu d’exception a entièrement été transformé en atelier. En passant la porte d’entrée, le visiteur, sans le savoir, pénètre dans la réserve de bois : « C’est le trésor de la manufacture », introduit Quentin. « Il y en a différents types : noyer, merisier, poirier, épicéa, etc. Il y en a même des plus exotiques, de Guyane ou du Mozambique », complète-t-il. À quelques pas de ce stock, nous retrouvons la maroquinerie : « Toutes nos étanchéités sont faites à base de cuirs. Cette matière permet d’atténuer les vibrations ».

La visite se poursuit à l’étage dans l’ancienne salle de bal. Dans cet espace, un orgue monumental attire le regard : « L’instrument nous a été commandé par l’Académie de musique de Bydgoszcz, en Pologne. Ce chef-d’œuvre est une réplique exacte de l’orgue Silbermann de 1778 de Bouxwiller. Sa réalisation a mobilisé environ 10 000 heures de travail et l’orgue a été fabriqué dans les plus beaux bois des Vosges, incarnant un concentré des compétences acquises lors des restaurations précédentes des orgues Silbermann. L’instrument se distingue par son buffet majestueux en chêne massif, orné par le sculpteur Marc Frohn, qui a apporté une touche d’exception à ce projet », détaille Quentin Blumenroeder, face à l’immensité de cette création.

Des chantiers d’envergure
Dans cette salle, qui accueille généralement un seul orgue à la fois, trois monstres de bois trônent fièrement : un est sur le point de partir en Pologne, un autre est en cours de création pour la basilique de Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire, et un dernier, l’orgue Johann Peter Toussaint de l’église Saint-Jean-Baptiste de Lautenbach dans le Haut-Rhin, est en cours de restauration. L’équipe de la manufacture est constituée de onze salariés, dont des apprentis : « Ce métier, il faut le faire avec passion, avec art. J’ai la chance d’en vivre. C’est un privilège que je dois aux élus, aux paroisses et même aux mécènes ».

Après avoir visité la tuyauterie située sur l’ancienne scène, nous descendons un étageplus bas au niveau de l’unité de production bois et métal. Théo Richert, 21 ans seulement, formé en ébénisterie à Eschau, est en train de finaliser des claviers pour une commande particulière : « La manufacture, qui avait déjà réalisé trois orgues et rénové un autre pour le Château de Versailles, vient de recevoir une nouvelle commande : rénover l’orgue du Dauphin. C’est le couronnement de ma carrière », confie et conclut Quentin.