L’histoire des Ntilikina commence au Rwanda, un petit pays enclavé d’Afrique de l’Est. En 1994, alors qu’Yves et Brice sont encore de jeunes enfants, la famille quitte son pays, pour fuir la guerre et le génocide en cours. Elle vit un temps dans les camps de réfugiés, mais finit par atteindre la Belgique, où Frank né en juillet 1998 : « Nous ne sommes arrivés en France qu’en 2001 », se souvient Yves. « Nous avons vécu à la Meinau et nous étions scolarisés dans un collège de zone d’éducation prioritaire », poursuit-il. Yves, pour sa part, a suivi un baccalauréat scientifique au lycée Jean Monnet, en section européenne, avant de se tourner vers la faculté de médecine, en 2005 : « J’ai effectué l’ensemble de mon parcours à Strasbourg et le choix de la chirurgie s’est fait au fil des rencontres ». Brice, de son côté, s’est tourné vers une formation de kinésithérapeute-masseur. Frank, le plus jeune frère, s’est très tôt découvert une passion pour le basket-ball : « Il assistait à tous nos matchs. Il a baigné dans ce sport très tôt. Je me souviens que nous regardions la NBA et que nous allions jouer jusqu’à tard sur les paniers en plein air du parc de la Citadelle, à Strasbourg ».
La vitesse supérieure
Durant son adolescence, Frank a suivi de multiples stages de perfectionnement au basket : « Malgré mon travail prenant, je faisais des allers-retours tous les matins pour le déposer. Il m’arrivait même d’aller jusqu’en Suisse. On s’est beaucoup soutenu entre frères et on continue à le faire ». Quand Frank a commencé à jouer à haut niveau dans la région, tout est devenu plus simple, il était pris en charge, mais quand il a été drafté en NBA, la fratrie a été séparée : « Nous avons fait de notre mieux pour aller le voir. Notre mère y allait toutes les six semaines ». Depuis le mois de juin, le cadet a rejoint le Partizan Belgrade. Toute la famille s’y est rendue en octobre : « Maintenant qu’il joue en Europe, et que le fuseau horaire est le même que le nôtre, la communication est facilitée ». Yves, qui est maintenant chirurgien du rachis, installé à Haguenau, est souvent interpellé par ses patients : « Ils reconnaissent mon nom, me demandent si j’ai un lien avec Frank, et certains pensent même que je suis son père, ça fait mal ! D’autres me ramènent même des coupures de journaux. C’est normal, nous ne sommes pas des milliers de Ntilikina ! ».
