En-dehors d’un rhume, « un enfant qui ronfle, ça n’est pas normal », commence le docteur Mai Chinh Arlen, assise à son bureau de l’ESV. Ouvert en 2017 par le docteur Roland Seibert, le centre héberge désormais cinq médecins spécialistes du sommeil, et tout le matériel nécessaire pour diagnostiquer les troubles du sommeil.
Quatre chambres permettent d’ailleurs la polysomnographie—l’enregistrement de la dette de sommeil—dès 8 ans, les plus petits étant dépistés en ambulatoire. « Lorsque les parents entendent le ronflement porte fermée, ou que l’enfant fait des pauses respiratoires et reprend sa respiration bruyamment, ou encore qu’il a le sommeil agité, dort bouche ouverte ou qu’il est en sueur, fait pipi au lit », alors il peut s’agir d’un trouble respiratoire obstructif du sommeil selon le Dr. Arlen.

Mais les symptômes sont aussi décelables en journée : un enfant qui s’agite, manque de concentration à l’école, qui est très triste ou agressif « fait penser à tort à un TDAH » (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité). Elle décrit encore « des problèmes de croissance ou de retard pondéral, parce que les micro-réveils freinent la sécrétion de l’hormone de croissance, les enfants dépensent de l’énergie la nuit, et les amygdales trop grosses les empêchent de manger ».
Si la Journée internationale du sommeil aide à faire connaître les apnées, Mai Chinh Arlen compte surtout sur le bouche-à-oreille : « Tout le monde doit savoir dépister, les parents, la maîtresse, les médecins traitants, les orthophonistes… 10% des enfants ronflent, mais seulement 3% sont pris en charge ».

L’appareil de PPC pour les enfants
Car avec une prise en charge précoce, si possible avant 6 ans, le traitement pluridisciplinaire permet de « très bons résultats :
l’ORL enlève les amygdales, l’allergologue traite les éventuelles rhinites, l’orthodontiste élargit le palais, etc. » Quant à la PPC, l’appareil de pression positive continue, il est prescrit aux enfants en « urgence thérapeutique, tant ils manquent d’oxygène ». Posant le masque sur un mannequin, le docteur Arlen se souvient d’une petite fille, venue la consulter pour « asthme et TDAH. Elle a posé sa tête sur mon bureau et s’est endormie. C’était évident qu’elle souffrait d’apnées du sommeil, et quand elle a eu la PPC, au réveil elle a remercié sa maman… Maintenant elle ne veut plus l’enlever ! Elle a retrouvé le sourire. »