Les dortoirs, la salle des vivres, celle du charbon, des deux moteurs—de marque différente en cas de sabotage—ou encore la cuisine : le long des couloirs de 60 m sur 17, les pièces ont été mises en scène comme avant 1939. L’histoire d’André Maginot est rappelée à l’entrée, lui qui n’a jamais vu son œuvre… Avec un guide comme Roland Muller, mémoire du musée de l’Abri, aucun détail n’est oublié. À l’extérieur, les trois avions de chasse, l’hélicoptère de parade d’Allemagne de l’Est et trois chars en état de marche en font « un musée chronologique et familial, que les enfants peuvent toucher », complète le président Marcel Decker.

Mais c’est surtout « un lieu de mémoire, pas un musée à la gloire de la guerre ». En témoignent la salle des noms et le Bois du souvenir. « Des familles entières ont été décimées dans leur maison pendant l’opération Nordwind de 9 au 21 janvier 1945. Notre village a été détruit à 95%, appuie Marcel Decker. 112 arbres ont été plantés, soit le nombre total de victimes, de 2 à 95 ans, 89 civils de Hatten et 23 de Rittershoffen. La charrette qui a transporté les défunts au cimetière est exposée à côté ». Même objectif pour les panneaux de l’exposition temporaire : rendre hommage aux soldats étrangers.
Un changement de nom
Malgré ces atouts, le musée de l’Abri est « moins visible et a moins de moyens » que ses voisins le Fort de Schœnenbourg et le Four à chaux de Lembach, déplore le président. Un changement de nom est prévu, “Ligne Maginot, musée de mémoire 1939-1945, abri d’Hatten”, pour être plus significatif. Mais dans son écrin de verdure, le côté nature est aussi mis en avant : « Un saule six-troncs de 80 ans est classé Arbre remarquable au niveau national, un mât vient d’être installé pour les cigognes, et nous coopérons avec le Chemin des cimes ». Si une poignée de bénévoles s’occupent de l’entretien, Marcel Decker en profite pour faire appel à de nouveaux volontaires : « La moyenne d’âge est de 75,8 ans ! ». Ainsi, « les témoins directs pourront faire le trait d’union avec les générations suivantes ».
Ouvert jusqu’au 11 novembre, en avril du jeudi au dimanche (9€/5€), infos sur Facebook et www. abrihatten.fr.

Insolite
L’un des membres fondateurs du musée de l’Abri, Roland Muller, est né Weber en 1941. Son père étant un Malgré-Nous, il est déclaré enfant illégitime et prend le nom de jeune fille de sa mère, Lies. En 1951, son père est officiellement déclaré mort, Roland est reconnu par le mari de sa mère et prend son nom, Muller.