Dans votre bilan alsacien, il y a surtout la création d’une vraie radio transfrontalière, comment ce projet a pu aboutir ?
Quand je suis arrivé pour diriger France Bleu, j’ai découvert qu’il y avait aussi France Bleu Elsass qui n’émettait plus en ondes moyennes depuis un an. C’était un problème, car son public, très âgé, n’avait pas suivi sur Internet.
Comme France Bleu Alsace marchait déjà bien et que je ne suis pas du genre à changer la moquette quand j’arrive, j’ai réfléchi à un projet pour France Bleu Elsass. J’ai d’abord modernisé l’antenne pour qu’elle se rapproche de la FM, puis en découvrant la région, j’ai construit un nouveau projet. N’étant pas Alsacien, je ne portais pas le poids de l’histoire, j’ai pu avancer et construire une radio transfrontalière. J’ai dit à la direction parisienne que cela ne coûterait rien de plus et que je ne toucherai pas au « vaisseau amiral » France Bleu Alsace, je n’ai pas senti un engouement débordant, mais on m’a laissé faire. L’équipe d’Elsass était complètement acquise au projet. Nous avons trouvé des accords avec la Radiotélévision allemande publique.
De quoi est composée la
radio ?
C’est une radio bilingue, uniquement en alsacien et en allemand, sauf pour les infos en français. Nous diffusons aussi les journaux de la SWR. C’est une vraie radio locale rhénane avec de la culture, du sport, les infos route, les offres d’emplois, l’histoire du bassin rhénan, sur un territoire qui s’étend en gros de Bâle à Stuttgart, avec une programmation de variétés françaises, de musique allemande moderne, mais il n’y a presque plus de schlager. Nous avons presque tout changé, mais il a y toujours Simone Morgenthaler. L’objectif est d’être diffusé bientôt sur la RNT (Radio Numérique Terrestre).
Pourquoi êtes-vous parti ?
Je ne partage pas les modifications structurelles et les réformes à venir à Radio France, je suis cadre, pas syndicaliste, donc si je ne partage pas les idées de ma direction, je m’en vais. Et puis, on a lancé cette radio, mais il faut maintenant aller plus loin, le projet n’est pas terminé. J’ai demandé une réunion à Paris pour cela, je ne l’ai pas eu.
Vous quittez le Groupe Radio France, mais vous avez déjà retrouvé un poste…
… Je ne veux pas que l’on fasse l’histoire à l’envers, je ne suis pas parti parce que j’ai une promotion ailleurs, j’ai décidé de partir et l’on m’a proposé autre chose juste après. C’est un coup de chance. Je deviens directeur délégué du groupe Radio Caraïbes Internationnal, je vais diriger trois radios, dont NRJ Antilles et Bel’radio, mais aussi la régie publicitaire.
Vous avez beaucoup voyagé dans votre carrière, et depuis 29 ans à Radio France, que vous restera-t-il de l’Alsace ?
J’ai vécu des moments très agréables, je n’ai jamais été en osmose avec une équipe comme je l’ai été dans cette région. Comme pour la radio, tout reste à faire, car en Alsace, il existe un formidable potentiel pour les années à venir.