Connaissez-vous un peu l’Alsace ?
Comme tout le monde, je connais la Route des vins, un peu Strasbourg et Colmar, pour m’y être baladé parce que c’est très joli. Haguenau, je ne connais pas encore, ce sera l’occasion.
La pièce vient du livre du même nom, vous y racontez votre histoire ?
Pour remettre dans le contexte, mes parents étaient juifs polonais et avaient fui à cause de l’antisémitisme avant même l’arrivée d’Hitler. Ils ont décidé de s’intégrer, même de se dissoudre et de devenir plus français que les Français. Ils ont même coupé le nom de famille, Dereczynski officiellement transformé en Derec. Et à 10 ans, une petite copine m’a dit, « je te montre mes seins si tu me montres ton zizi », et comme je ne voulais pas parce que j’étais timide, elle me dit « c’est parce qu’il est coupé en deux, tu es juif ! ». Et j’ai mis à peu près 40 ans à comprendre !
Et l’idée de passer du livre au théâtre ?
Avant, je faisais des sketches, et bon, être comique, ça a changé, quand on est vieux, on ne peut pas faire comme les jeunes. Avec mon producteur on a décidé d’adapter le livre, mais avec une image plus culturelle qu’un spectacle de blagues juives. Le grand metteur en scène Jo Lavaudant, très intello, tout le contraire de moi, a accepté. Ce spectacle-là est tragi-comique, le tragique et le comique sont les deux versants d’une lame de rasoir et moi je suis au milieu.
Intervenez-vous toujours à la télé ?
Non, j’en ai fait toujours un peu par effraction, je m’en suis servi pour me faire connaître. Le théâtre de Bouvard, La Classe, Ruquier, et une émission au début de la TNT. Personne ne regardait, je pouvais faire ce que je voulais (rire). La télé ne me manque pas, c’est assez stressant en fait. Je ne suis pas animateur, je suis comique et je revendique ce terme.
Vous avez une maîtrise de physique, qu’est-ce qui vous a fait changer de voie ?
Un hasard de la vie peut-être, j’ai fait ça pour faire plaisir à mon père, je ne pensais pas m’en servir. On croit toujours que pour devenir artiste il faut suivre la voie littéraire, moi j’étais toujours nul en rédaction ! Et j’ai une approche assez scientifique du comique : c’est une mécanique, il vaut mieux être bon.