mercredi 2 avril 2025

La mamma, e il bel ragazzo

Eh ! hey hey, demandez le programme du Maxi-Flash de bon matin ! Un programme sportif, culturel, avec une belle histoire d’élégance à l’Italienne. Un récit rempli de tendresse, la famiglia Cutrupi, une famille soudée comme les ramifications d’un olivier séculaire, enracinée dans sa terre natale, la Calabre. Après l’extrême sud de la pointe de la botte calabraise, je chausse mes souliers pour pédaler avec ma bicicletta verde lattuga, le long du canal de la Bruche pour atteindre Ernolsheim-sur-Bruche.

C’est ici, dans ce village rural Eèrlze en alsacien, que jaillit une silencieuse fontaine de jouvence, intarissable, La Fontana. Vous vouliez le programme, chers Maxi-Läsers !
Ben, le voilà. Je vous emmène dans mon aventure sur mon porte-bagages. J’enfourche mon « vélo-musculaire » oh ! Pardon un vrai vélo de ville à pédales, pour flâner le long d’une véloroute d’une 20’t’aine de kilomètres, pour bomber mes muscles fessiers. Ville de départ : Strosburri, j’arrive 1h 59 minutes plus tard à Eèrlze sur Bruche. J’emprunte la piste cyclable baptisée Charly Grosskost, ancien champion alsacien du Tour de France. Ensuite, toujours tout droit, ïmmer in d’Nàs nach vers le chemin de halage, sans grande difficulté, c’est tout plat ! Et là, je découvre des paysages époustouflants de beauté, à tomber le fessier parterre. De part et d’autre de cette voie verte ombragée, des feuillus frémissent, au souffle du vent. J’entends les grenouilles vertes coà, coà, elles se prélassent au bord du canal, dans cette lumière matinale. Avec ma sonnette d’facteur ding dong, les rainettes vertes bondissent dans l’eau comme un aqua ballet synchronisé, plouf ! Plouf ! De l’autre côté de ce parcours cyclable, j’aperçois un champ de marguerites aux pétales blanches et éclatantes qui dansent au gré du vent. Je vois défiler de chouettes baraques d’éclusiers, des nids douillets, au charme fou. L’une d’entre elles est devenue une guinguette bucolique, le Ravito des Cyclos. Elle date du « 18e siècle » avec un toit pentu en tuiles plates rouge. Un lieu de rencontre rando, vélo, écolo, rigolo et picolo pour déguster une petite mousse avec une Bretzel. C’est à cette adresse que j’ai rendez-vous avec Bruno Cutrupi, l’eccenllente Capo della cuicina du resto Le Fontana, il est l’invité du Maxi Flash.

L’APE = BZZZ ! UN TRIPORTEUR BLEU

-Oh André, ça fait plaisir de te revoir, en retard comme d’hab !
-Ciao, Bruno, come stai ? Tu es venu avec ton triporteur Maya la travailleuse, L’APE, Wàs isch diss ?
-Hop Komm jétz, e stai silenzio André, mets ton vélo sur le plato de l’Ape à 3 roues, notre icône emblématique de notre culture italienne.
– Bruno, que veut dire l’Ape ?
– L’Abeille travailleuse, tandis que Vespa, c’est une guêpe.
Tout en plaisantant, en rigolant nous partons à l’aventure sur le chemin de halage, avec sa pétroleuse, mon vélo bien attaché à l’arrière. Bruno me raconte sa vie, les origines de sa grande famille. Il est bavard comme une vieille pie, Nunde Buckel !

Une partie de la famille. / ©dr
LES RACINES CALABRAISES

Bruno est né à Strasbourg, à l’Hôpital civil, comme ses frères et sœurs. Mais ses racines calabraises lui chatouillent la plante des pieds. Il est intarissable et très ému en évoquant la vie ardue, éprouvante de Mama Rosa et de son Babo Antonio.

Mama Rosa est née dans un petit village campagnard, à Bruzzano, au sud de la Calabre, une région marquée par l’isolement et la pauvreté après les années 1950. Une vie rude, pas d’eau courante, pas d’électricité. Jeune fille, Rosa cherchait souvent au clair de lune l’eau qu’elle puisait à la source. Elle la portait dans une jarre pour préparer le souper du soir, comme Cosette, dans le roman de Victor Hugo. A 16 ans, elle a épousé Antonio Cutrupi, le voisin du village, bel homme, élégant, travailleur agricole qui vivait de manière très spartiate. Un rabatteur allait de village en village proposer l’Eldorado, pour quitter la pauvreté. En France, on cherchait des hommes et des femmes pour reconstruire le pays. Les jeunes mariés sont partis avec un baluchon, prêts à affronter l’inconnu, pour une vie meilleure.

UN PEU PLUS TARD, les années 1970

Les parents s’installent à la Cité de l’Ill à Strasbourg, dans la périphérie de la Robertsau, avec leurs quatre enfants, Carmela, Giovanni, Maria et Bruno. Il Babo, Antonio, fait des petits boulots : charpentier, chauffeur, maçon, cantonnier. La Mama Rosa travaille à la conserverie Ungemach, elle dégorge les escargots et élève avec amore ses quattri Bambini. Malgré les sacrifices, les enfants grandissent heureux dans cette cité HLM, trouvant réconfort et amour dans les petites choses de la vie quotidienne.

ENFIN, NOUS ARRIVONS À « LA FONTANA »

-Oh Bruno, il était temps que ça s’arrête, ta pétroleuse est très bruyante !
– André, je vais te présenter ma famille et ma Mama Rosa.
Dans le restaurant, que nous traversons avant d’arriver en cuisine, flotte un bel air à l’italienne, une élégance raffinée propre à l’Italie. En cuisine, c’est l’effervescence, le coup de feu, ça piaille en italien comme une musique de Caruso. Chacun est à son poste rythmé par la voix protectrice de la Mama Rosa. Bruno, le charmeur, me présente tout son petit monde.
-Buonjiorno, et tous me répondent en chœur ! CIAO Andrea !
Mama Rosa est derrière le piano, resplendissante, elle prépare une farandole d’antipasti à la calabraise.
-Comment allez- vous Madame Cutrupi, j’ai tellement entendu parler de vous, quelle belle aventure ! Je peux vous demander votre âge ?
– Je vais très bien, entourée de ma famille que j’aime profondément : 12 petits-enfants, 9 arrière petits bambino piccolo, je suis une Mama, vraiment comblée. Et pour mon âge, chut, ne le dites à personne, j’ai 85 ans.
-Mais Madame vous savez, une belle âme n’a pas d’âge.
Ainsi s’achève ce conte de fées à la calabraise, ici, à la Fontana, où jaillit toujours une lumière éblouissante qui ne s’éteindra jamais.
E finta addio.

Soyez sages les Maxi-läser, à bientôt pour d’autres aventures dans un petit recoin de notre paradis alsacien.

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