Maxi Flash : Vous racontez en prologue qu’une émission de télé vous a convaincu de rééditer 1939-45, Mémoires de guerre, l’ouvrage déjà sorti en 2004. Pourquoi ?
Jean-Luc Elling : Lors d’une émission sur les Russes qui combattent aux côtés des Ukrainiens dans le Donbass, un professeur à Sciences po, Patrick Martin-Genier, a fait un rapprochement historique extrêmement hasardeux en disant que les Alsaciens-Mosellans qui ont porté l’uniforme allemand étaient des traîtres à la nation, et que cela relevait de l’indignité nationale. En tant que fils de Malgré-Nous, cela m’a complètement révolté. J’ai fait sept interventions auprès du groupe LCI-TF1, qui sont restées lettre morte. Alors j’ai pensé que c’était le moment de rééditer les mémoires de guerre de mon père, pour raviver un sujet qui a été discuté moult fois.

Vous ne parliez pas de cette période en famille. Qu’est-ce qui l’a convaincu de se livrer enfin ?
Quand ma mère est décédée, il a vraiment décliné, alors j’ai cherché un moyen de le rebooster en lui disant que ce serait bien qu’il parle de son vécu. Quand j’étais enfant, je collectionnais les voitures Dinky toys, mais je ne pouvais pas ramener de véhicules de guerre, mon père avait une haine féroce de tout ce qui touchait à la guerre !
De façon surprenante, en 2002, il a été d’accord pour écrire et ça a renversé la vapeur, il s’est mis à l’ouvrage avec courage et volonté. On a travaillé ensemble, je l’ai mis en forme sur l’ordinateur, il a ressorti des archives, des photos que je n’avais pas vues auparavant.
Son style est très fluide et se lit comme un roman, et c’est une version complétée…
C’est le résultat de ma frustration, mais aussi des moyens techniques aujourd’hui plus poussés. J’ai pu faire une mise en page avec des cartes, des notes de l’historien Daniel Morgen, et publier les photos du char dans lequel mon père est monté, prises lors d’une reconstitution à Uffheim en 2021. C’était un grand littéraire, il avait une plume très affutée.

L’info en plus
Jean-Luc Elling sera le 12 novembre à 18h à la bibliothèque de La Wantzenau ; le 15, au Salon du livre militaire au Mess des officiers de Strasbourg ; les 22 et 23 au Salon du livre à Colmar. Il fait également appel aux lycées, pour ajouter un témoignage concret aux livres d’histoire.



