vendredi 22 novembre 2024
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Lavleen Singh-Bassi, Avocate de l’humanité

Née à Haguenau en 1992, après un Master 2 en droit de la famille, elle a prêté serment. Lavleen Singh-Bassi est avocate depuis quelques mois. En enfilant la robe, elle a réalisé son rêve de toujours. D’origine indienne, elle travaille à Strasbourg et vit à Haguenau, une ville qu’elle ne peut pas quitter tellement elle s’y sent bien.

Vos parents sont nés en Inde, comment se sont-ils retrouvés à Haguenau ?

Mon papa a quitté l’Inde très jeune pour se construire un avenir, pour trouver du travail, il a beaucoup voyagé. Quand il est arrivé par hasard à Haguenau, il a travaillé comme ouvrier, ma maman l’a rejoint, et elle s’est occupée de notre famille.

Vous êtes avocate, et ce n’est pas un hasard…

C’était mon rêve d’enfant, j’ai toujours été révoltée par ce que je voyais, depuis tout petite. C’est la raison principale. J’ai traversé ma scolarité avec cette idée en tête. Je me souviens qu’un prof de mathématiques nous avait demandé ce que l’on voulait faire plus tard, il fallait motiver sa réponse, il avait pris comme exemple la profession d’avocat en disant « n’écrivez pas que c’est pour combattre les injustices, cette réponse est triviale ». Mais c’était cela pourtant. Au départ, j’ai voulu faire ce métier pour cela. L’origine du mot avocat signifie « venir en aide », et j’ai toujours eu cela en moi, j’ai toujours eu envie de sortir les gens de leurs problèmes. C’est un peu culturel aussi, car je suis d’origine indienne. Dans ma famille, c’est quelque chose qui est là depuis toujours.

Pour être avocate, il faut prendre la parole, et pourtant, ce n’est pas une évidence pour vous ?

C’est toujours très difficile oui, même de parler avec des inconnus c’est un défi, quelque chose que je dois surmonter. J’ai toujours été timide.

Pour dépasser tout cela, vous avez fait des concours d’éloquence ?

Oui, mais avant les concours, à l’école, lorsqu’il fallait faire des exposés, j’étais terrorisée. Parler devant toute la classe, c’était vraiment une épreuve pour moi. Un jour, une amie me dit que j’ai une aisance incroyable quand je parle, que je suis dans mon élément, cela m’a fait un choc ; je ne comprenais pas en fait, je lui ai répondu que non, que je suis terrorisée, que mes jambes et ma voix tremblent à chaque fois. Plus tard, à la FAC, j’avais beaucoup d’admiration pour les gens qui participaient aux concours d’éloquence, je me disais que ce n’était pas pour moi, et finalement, en Master 2, comme c’était ma dernière année, je me suis lancée. C’est comme cela que tout a commencé et j’en ai gagné quelques-uns.

Et qu’avez-vous ressenti ?

C’est assez irréel. Quand je vous parle, je suis émue de tout cela, de ce parcours (elle s’arrête de parler, très émue), je me souviens de tant de choses. Mais quand je plaide, je ne me pose pas trente-six milles questions, j’arrive à transmettre des choses, j’arrive à dire les choses, c’est comme une sorte de super pouvoir. C’est ce que je trouve beau dans la plaidoirie.

Que signifie pour vous le fait d’avoir prêté serment ?

Je me suis engagée à exercer mes fonctions avec de la dignité, de l’indépendance, et surtout de l’humanité, c’est le terme essentiel car je fais du droit pénal et du droit de la famille. La justice, c’est important, y participer, même à mon petit niveau, c’est extraordinaire. Cela me fait quelque chose dans le vendre.

Avez-vous d’autres passions ?

La lecture, j’ai toujours beaucoup lu. Ma maman me disait que je lisais trop, quand normalement c’est plutôt l’inverse, mais je lisais tout le temps, tout le temps. Je suis une vraie amoureuse de la langue française, et j’associe vraiment l’écrit à la parole.   

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