Vous êtes né à Tours en 1955 et avez fait des études de musicologie à Brest. Qu’est-ce qui vous a amené en Alsace ?
Thierry Belliot : Je suis arrivé en 1979, avec ma femme, elle pour éviter d’aller à Paris et moi j’ai fait l’armée. L’Alsace, on s’y est attaché notamment grâce à la musique, et bien sûr à la qualité de vie à Strasbourg. Je suis guitariste à la base, je joue dans le groupe Wake up woods.
Votre formation ne vous destinait pas forcément à ce métier ?
Si, déjà gamin je construisais des amplis pour faire le lien entre technique et musique. Je pensais faire carrière dans les studios de musique, et j’ai rencontré Jean-Jacques Mann en 1981 et participé à l’enregistrement du disque de Roger Siffer, Alsaces. C’était dans les locaux de France 3, j’ai pu faire un remplacement, puis je suis rentré très facilement pour faire du reportage.
L’idée du livre a-t-elle germé à la retraite ?
Non au fur et à mesure, je suis assez bavard et les gens aimaient bien quand je racontais. J’avais pris l’habitude de noter des titres d’histoires pour m’en souvenir, et j’ai toujours eu plaisir à écrire. Puis j’ai rencontré mon éditeur Ambroise Perrin dans une association d’anciens de l’audiovisuel et le livre s’est fait.
Le métier de sondier est plutôt méconnu…
Le mot s’applique à l’audiovisuel, dans le cinéma c’est l’ingé-son. C’est un peu péjoratif, les techniciens se formaient sur le tas à l’époque… Les preneurs de son ont pourtant la plus large palette d’activités, jusqu’aux transmissions satellites. Mon rôle était de préparer techniquement et de délester du stress du direct, les journalistes me faisaient confiance avec mon expérience, j’étais un peu leur nounou.
Avec le recul, vous avez apprécié chaque instant de votre carrière ?
J’ai toujours été conscient du grand privilège d’avoir ce bonheur de retourner bosser. Mais j’ai aussi eu des histoires difficiles comme le crash du Mont Sainte-Odile, des incendies, des manifestations, des événements historiques qui méritent d’être racontées, peut-être dans un second livre…
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Extrait : Des fleurs pour Monsieur Raymond
J’étais en train de ranger mon matériel. Raymond Devos s’était levé. Il s’approcha discrètement de moi et me tira un peu par la manche: « Dites-moi, Monsieur… Je ne peux pas vous quitter comme ça sans offrir des fleurs à la jeune femme qui est venue m’interviewer. Mais je n’ai pas d’auto, et je ne sais pas où trouver un fleuriste. Pourriez-vous m’accompagner ? » […] Je me suis souvenu du petit kiosque de la place de Haguenau, toujours ouvert. La fleuriste effarée n’osa pas dire un mot. Il fit son choix avec soin. Il offrit le bouquet à notre collègue avec un plaisir manifeste dans un geste d’une exquise élégance.