Tempo de Martin Dumont

Un roman qui vient saluer nos rêves de jeunesse avec sensibilité et nostalgie. Éditions Les Avrils.

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Le livre de Martin Dumont nous embarque pour quelques heures sur le territoire de nos souvenirs, au cœur de nos rêves de jeunesse. L’auteur raconte magnifiquement ce chapitre de nos vies, vécu avec fureur et insouciance, où l’on agit avec démesure et désinvolture, où l’amitié scellée contre vents et marées donne des ailes à la vie. Pourtant un jour, on s’éloigne de ce rivage, l’existence nous intimant qu’il faut grandir et apprendre à faire autrement. Alors on remise les serments dans le carcan d’une vie qui semble bien loin de ces années vécues intensément.

Félix, trentenaire parisien, vit en couple avec Anna, il est père d’un petit Elie. Il est de ceux qui ne veulent pas renoncer à leurs rêves et ne rien lâcher de ces années d’avant, de la musique, de ce groupe des quatre d’il y a longtemps, des nuits enfiévrées, des salles de concert bondées. Alors il se réfugie dans les souvenirs, ce qui a été en continuant la musique. Et même si le groupe s’est séparé, il s’accroche à la mélodie de ces années fondatrices. Il ne veut pas renoncer. Pour survivre et payer ses factures, il enchaîne les concerts dans les bars miteux ou il aide son ami Kacem dans le bar en-dessous de chez eux. Il y a aussi Anna qui est là pour lui, pour eux. Anna, l’infirmière urgentiste, qui tente de panser au mieux les plaies encore béantes de Felix, ses rêves de jeunesse qui collent à la peau.

Un roman sensible et touchant.

Pourtant Félix en devenant père va devoir grandir et donner à sa vie un autre tempo, faire face à la réalité d’une famille et de ce que cela implique dans ses choix de vie. Se pose ici la question essentielle du roman. Comment affronter cette vie d’adulte avec tout ce qu’elle implique d’injonctions et d’arrangements sans renier la part qui bouillonne au fond de soi ? L’auteur interroge avec tendresse et nostalgie, nos expériences infinies, les rencontres déterminantes, et les détours incessants que prend la vie. Peut-être alors comme le symbolise le bébé de Felix, la vie exige-t-elle de s’ouvrir à un autre temps, singulier lui aussi, celui où résonneront différemment, mais intensément, les battements de nos cœurs.

Isa sur Insta