Les prérogatives des pompiers, décrites dans l’article L.1424-2 du code général de collectivité territoriale, parlent de missions de secours d’urgence et de protection des personnes, des biens et de l’environnement, pas de la destruction d’un nid de guêpes, de la récupération d’un chat en haut d’un arbre, du déblocage d’un ascenseur, de l’ouverture d’une porte bloquée, du transport à l’hôpital (hors urgence) ou de l’enclenchement d’une alarme, ces actes pouvant être pris en charge par un professionnel spécialisé.
Les hommes et les femmes du Service Départemental d’Incendie et de Secours du Bas-Rhin (SDIS 67), qu’ils soient sapeurs-pompiers professionnels, volontaires ou personnels administratifs et techniques, concourent ensemble à la protection des personnes, des biens et de l’environnement de notre département. À travers leurs actions du quotidien et des missions qu’ils assurent, ils véhiculent et incarnent des valeurs fortes qu’ils cherchent à protéger et à renforcer. Les services désormais payants sont une façon de souligner l’importance du sapeur-pompier comme acteur de l’urgence et rappeler les responsabilités de chacun vis-à-vis du service public.
Alors, si les interventions pour destructions de nids d’hyménoptères sont maintenant facturées, les missions propres des soldats du feu sont toujours gratuites lorsque la vie d’une personne est menacée, en cas d’incendies, d’accidents de la circulation, ou en cas de risques technologiques (explosion, accident industriel).
Les pompiers sont toujours prêts à intervenir, en Alsace, dans le sud de la France ou en Allemagne
« Les interventions pour des nids d’hyménoptères représentaient un volume de travail considérable au détriment des sorties plus urgentes », explique Bernard Riedinger, le capitaine de l’unité territoriale de Wissembourg, qui dirige cinquante pompiers dans sa caserne et quatre-vingt-dix à l’unité territoriale, pour toutes les missions habituelles d’un service d’incendie et de secours (feu, secours aux personnes, accident de circulation).
Sur son secteur, depuis la mise en place du service payant, les appels ont diminué, ce qui permet d’être mieux organisés et encore plus réactifs pour les vraies responsabilités du quotidien et pour sortir de leur secteur : « Chaque semaine une équipe est prête à partir, si la sécurité civile nous appelle, pour des renforts dans le sud de la France », raconte le capitaine. Et puis, l’autre particularité des pompiers des régions frontalières est le travail en commun avec leurs collègues de l’autre côté de la frontière, une entraide précieuse, même si chacun respecte ses propres règles.
« Étant proches de la frontière, nous travaillons naturellement avec nos collègues allemands. Nous pouvons intervenir sur leur secteur », révèle Bernard Riedinger. En cas de grand feu, les procédures permettent de solliciter beaucoup plus de personnel, des systèmes informatiques déclenchent très rapidement l’apport de véhicules allemands ou français. Il arrive aussi que la grande échelle tombe en panne ou qu’elle se trouve en maintenance, une procédure existe pour déclencher l’échelle allemande en cas de besoin.
Pour lui, c’est une fierté de travailler en collaboration étroite avec un autre pays, même si cela ne date pas d’hier : « Le travail en commun est instauré depuis l’après-guerre. En 1947, les Français sont intervenus en Allemagne pour la première fois, sans même se poser la question, on avait besoin d’eux, ils y sont allés », expose le capitaine qui souhaite que cela continue, « pour la sécurité et même pour la paix », conclut-il.
La sensibilisation chez les jeunes
Là encore, les pompiers jouent un rôle essentiel. Dans le cadre de la démarche de la promotion des valeurs de la République et des démarches citoyennes, les classes de cadets-cadettes de la sécurité civile permettent de sensibiliser les élèves pour qu’ils adoptent les bons comportements. Après l’expérimentation menée en 2017 à la cité scolaire André Maurois de Bischwiller, le SDIS 67, en partenariat avec l’Éducation nationale, a reconduit le dispositif pour l’année scolaire 2018-2019 et c’est encore le cas pour cette nouvelle année scolaire. L’idée est d’apprendre les bases, la mise en sécurité, de savoir donner un bon message d’alerte en 18 et au 15, de pouvoir réagir faire en cas d’hémorragie, de mettre une personne en PLS, de faire un massage cardiaque, etc.
À l’issue d’une séance de deux heures, cette sensibilisation aux gestes qui sauvent permet aux élèves d’être des citoyens acteurs de la sécurité civile. Une formation express qui peut aussi susciter des vocations. Après le succès de la phase test réalisée auprès de 1500 élèves de 12 collèges en 2017, le SDIS 67 qui pilote le dispositif, le Département du Bas-Rhin et l’Éducation nationale ont décidé de généraliser progressivement cette opération. 70 établissements, soit un total de 7000 élèves, sont concernés pour cette année scolaire. L’objectif à l’horizon 2021 est de former chaque année 100 % des élèves de 4e, soit 12 000 élèves.
Les chiffres
En 2018, les sapeurs-pompiers du Bas-Rhin ont réalisé 87 982 interventions (24090 par la compagnie de Haguenau, voir graphique), soit une intervention toutes les 6 minutes, pour un total de 110 243 sorties de secours et 124 954 sorties d’engins, 56 658 secours à personne (64,4%), 3 301 accidents de la circulation (3,7%), 6130 incendies (7%), 20 328 opérations diverses (23,1%), 620 risques technologiques (0,7%), 945 autres (renforts, Dragon…) (1,1%). Pour mener à bien ses missions, l’organisation territoriale est composée d’une direction départementale, d’un centre de traitement des alertes et de la coordination des secours, de 7 compagnies, de 50 unités territoriales, de 246 centres d’incendie et de secours, de 7 corps communaux et de 1 039 véhicules et engins (cellules, remorques et embarcations). Les effectifs sont de 5 130 sapeurs-pompiers professionnels, volontaires et personnels administratifs et techniques au sein du SDIS du Bas-Rhin.
L’activité opérationnelle en hausse
L’année 2018 a été marquée par une augmentation significative de l’activité opérationnelle, plus 25 % par rapport à 2017, en raison de l’augmentation des secours à la personne (+ 22 %). Alain Gaudon, le Contrôleur général du SDIS, assure que « l’année 2018 a été la plus soutenue en termes d’activité opérationnelle, mais le SDIS 67 poursuit son évolution avec pour objectifs l’amélioration constante et l’efficience du service public ».
Ce « record » est dû à plusieurs épisodes d’intempéries, l’explosion d’un silo à grains à Silostra au Port du Rhin, l’incendie de l’établissement industriel Soprema, ou la fusillade au Marché de Noël de Strasbourg, « ces évènements ont une fois de plus démontré nos capacités de réaction et d’adaptation », ajoute Alain Gaudon.