Quel était votre objectif avec cette chronologie transfrontalière ?
Charles Schlosser : L’objectif était un peu politique, j’étais vice-président fondateur de la comcom et responsable de la coopération transfrontalière et nous avions déjà réalisé pas mal de choses ensemble. Mais j’estime que pour nourrir l’amitié, il faut que les amis se connaissent. Or on ne sait que trop peu ce qui s’est passé de l’autre côté. J’ai voulu prouver qu’on a une histoire commune très longue, qui a échoué quand le nationalisme d’état a pris le dessus avec trois guerres…
Les frontières ne sont pas toujours marquées concrètement, on a parfois juste un chemin en forêt, c’est tout un symbole ?
La vraie frontière a été mise en place en 1826, et l’amitié a continué. Des gens se mariaient d’un côté ou de l’autre… Quand les guerres sont arrivées, les frontières ont joué leur rôle et chacun a vécu suivant des habitudes différentes. Après 1945, les choses se sont décantées doucement et des contacts officiels ont été pris. Le clou de l’histoire avec la mondialisation, c’est que nous parlions la même langue, et aujourd’hui avec la perte du dialecte, le problème principal c’est la communication.
Et pourtant votre ouvrage est bilingue, à gauche le français, à droite l’allemand. Tout n’est pas forcément traduit, et on peut lire juste un encadré, c’est intéressant comme construction !
C’est le côté un peu pédagogique du livre, je le revendique. Quand je revois d’anciens élèves, ils me disent qu’ils ont appris quelque chose, quelque part j’ai réussi !
Mon autre volet, c’est que depuis 50 ans je milite pour un bilinguisme franco-allemand. J’ai orienté le texte selon le sujet, par exemple cette histoire douloureuse d’Oradour n’est guère évoquée en français, alors qu’en allemand j’explique pourquoi c’était un drame pour nous. Donc les Allemands peuvent lire le français, et inversement. Il est extrêmement bien reçu selon les premiers retours, et les gens qui découvrent cette amitié disent que c’est un petit bout d’Europe
Conférences le 26/02 à 19h à Morsbronn et le 15/03 à 19h à Ludwigswinkel (Allemagne).