Transformer le sans-plomb en or, voilà le rêve de tout constructeur automobile en ces temps où les énergies fossiles sont sous le feu des critiques. Beaucoup ont essayé de créer un moteur capable d’intégrer les performances d’un bloc diesel à l’efficience d’un bloc essence. Mazda l’a fait avec le 2 l SkyActiv-X, qui pourrait faire de l’ombre aux hybrides.
Pour répondre aux normes écologiques de plus en plus drastiques – notamment les Euro6d qui entreront en vigueur en 2020 –, les constructeurs suivent tous peu ou prou les mêmes voies. Il y a ceux qui ont décidé de rapetisser leurs moteurs – c’est la technique du downsizing – en multipliant les turbos, ceux qui misent sur l’hybridation simple ou rechargeable et ceux qui sont déjà passés à l’électricité en attendant l’hydrogène. Les pistes se limitent à cette liste. Sauf que Mazda n’est pas un constructeur comme les autres.
La firme japonaise l’a déjà montré par le passé en proposant des moteurs ingénieux, comme le bloc rotatif, le diesel à compresseur ou le V6 à cycle Miller. Tous n’ont pas été couronnés de succès, mais il faut louer la capacité de Mazda à penser en dehors des sentiers battus. La génération Skyactiv-D, qui résout le problème des NOx en se fondant sur un taux de compression très faible pour un diesel, prouve que l’ingéniosité a du bon. Côté essence, il en va de même pour la série SkyActiv-G qui ne succombe pas à la mode des 3-cylindres mais qui mise avec brio sur un taux de compression cette fois-ci élevé avec un résultat des plus probants. Les Mazda de dernière génération font beaucoup mieux en termes d’efficience et d’agrément que leurs concurrentes. Reste que les prochaines normes demanderont aux constructeurs d’aller encore plus loin. Et c’est là qu’intervient le SkyActiv-X qui équipera la prochaine génération de la Mazda3 dont la sortie est prévue pour l’année prochaine.
Une question de pression
Les moteurs SkyActiv-X sont appelés à remplacer les SkyActiv-G dès 2019. Ce seront donc des blocs essence. L’objectif de Mazda est de concilier la propreté relativement meilleure de ces dispositifs et l’agrément des solutions diesel. Si beaucoup de constructeurs disposant de moyens bien supérieurs se sont frottés à ce problème, Mazda semble avoir réalisé la quadrature du cercle. La fiche technique surprend : il s’agit d’un 4-cylindres en aluminium, cubant à 1 997 cm3 et développant 190 ch pour 230 Nm de couple. Le secret réside dans le fait qu’il affiche un taux de compression record de 16 :1 et qu’il bénéficie d’un allumage par compression comme un diesel.
L’idée est d’obtenir le mélange air/essence le plus pauvre possible. Ce rapport est idéal, en essence, à 14 :1. En dessous, il y a trop de carburant au moment de la combustion et l’on en gâche ; au-dessus, en théorie, il n’y en a pas assez et les molécules d’essence sont trop éloignées les unes des autres pour assurer une propagation fiable de la flamme de la bougie dans tout le cylindre. C’est là, dans le cadre du système Skyactiv-X, qu’intervient l’allumage par compression qui permet d’enflammer en même temps toutes les particules de carburant présentes dans le cylindre. Le défi est de pouvoir maîtriser cette explosion instantanée afin qu’elle intervienne au bon moment, ce qui est d’autant plus difficile que le taux de compression est élevé. Mazda y parvient en ajoutant une bougie dans l’équation : le moteur est conçu pour fonctionner à la limite de l’autoallumage que vient réaliser cette bougie contrôlée par un super calculateur. En outre, un compresseur, qui ne fait pas office de turbo, est chargé d’introduire l’air nécessaire pour obtenir ce rapport de 16 :1. Tout ce dispositif fonctionne sur la plage optimale de l’allumage par compression : en dehors, la combustion redevient conventionnelle. Dans l’habitacle, cette oscillation entre les deux modes est représentée sur l’écran central. Dans les faits, les résultats sont épatants. Non seulement les consommations annoncées sont en baisse de 30 %, ce qui place la Mazda3 au niveau des meilleures hybrides du moment, mais l’agrément de conduite est une pure merveille pour un moteur essence. La réactivité et la souplesse à bas régime sont impressionnantes. Des qualités qui s’ajoutent aux excellentes dispositions de la berline originelle : confortable, dynamique, sûr, joueuse, précise… elle fait partie des meilleures compactes du marché. Avec ce nouveau bloc, la concurrence a de sérieux soucis à se faire.