D’une première graine semée en 1992, jusqu’aux milliers de majestueux arbres aujourd’hui, Jean-Louis Amann se veut le témoin d’une expérience grandeur nature. « Le plaisir de planter est technique et mécanique, lance-t-il, mais le plaisir de voir grandir un arbre est soumis à des aléas, la nature réserve plein de surprises ! » Et de définir son arboretum comme « poétique, spirituel et scientifique. J’ai commencé avec rigueur et raison, mais ce qui se passe dans un endroit comme ça, c’est la relation entre les choses, les opportunités de la vie ».
De ses voyages professionnels en Amérique et en Afrique, le naturaliste de 70 ans a acquis des expériences qu’il souhaitait voir fructifier chez lui.
Un gage de survie
À l’entrée de l’arboretum, des cabanes, fabriques et un mobilier de bric-à-brac tranchent avec la densité de la forêt. C’est la manière de faire de Jean-Louis, il récupère et réutilise, y compris des arbres sauvés de bennes à ordures ou d’un voisin qui a déménagé. Il donne un pied-à-terre à un pommier du Kazakhstan ou un pin de l’Himalaya, et constate s’ils s’adaptent : « Un chêne consomme 500 litres d’eau par jour, j’ai dû le supprimer pour sauver le séquoia derrière, montre-t-il. Il avait perdu sa tête à cause de la sécheresse, mais finalement c’est un gage de survie pour lui pour que le vent ne le déracine pas. Quant au chêne, il est devenu le Penseur bleu qu’un ami bûcheron a sculpté en souvenir ».
Tous les arbres ont une histoire, et c’est ce que Jean-Louis partage savamment. Plus qu’un répertoire, il apprend de ses erreurs. « Certains ne sont pas faits pour vivre sous nos climats, il faut les protéger d’où ce travail continu contre les envahisseurs, le lierre, la chenille processionnaire, la benoîte—j’ai fait un désherbage thérapeutique tous les jours plié en deux, c’était mon yoga ! » plaisante celui qui dort souvent au milieu de ses congénères.
Pour lui, toujours optimiste, l’idée est « de s’enforester et d’avoir cette gratitude parce que nous sommes issus de la nature ».
L’info en plus
La prochaine visite de l’Arche de la biodiversité a lieu le 25 août à 10h et fait partie du riche programme de l’Office de tourisme de Haguenau, Les Estivales. Quinze animations toutes neuves sont proposées parmi la centaine, comme la visite du Jardin de la Ferme bleue, les ateliers chocolat, kéfir ou poterie, la découverte du Yogarbre ou de la torréfaction du café de malt. Agenda complet sur www.visithaguenau.alsace