Cathy a 35 ans. Elle vit à Londres, elle est mariée, elle restaure des tableaux anciens, redonne avec patience leur lumière aux toiles recouvertes de repentirs, de vernis fatigués. Ses journées sont faites de gestes précis, de cette attention portée à ce qui reste sous les repeints, à ce qui a survécu au temps. Pendant huit ans, elle et Noah ont dit non aux enfants. Non à l’idée même d’y penser. Une ligne claire, tracée ensemble. Un pacte silencieux, assez solide pour ne pas avoir besoin d’être défendu.
Et puis, un jour Cathy sent quelque chose se déplacer avec cette sensation discrète, mais insistante, que ce non n’est plus tout à fait le sien. Quelque chose dans le corps, dans la chair, qui semble murmurer autre chose. Alors elle choisit de congeler ses ovocytes. Pour se laisser le choix. Pour gagner du temps sur ce que le temps abîme. Noah, lui, reste là. Au même endroit. Fidèle à ce qu’ils avaient décidé ensemble. Et l’écart se creuse. Lentement, mais sûrement. Tout commence à pencher et l’amour ne suffit plus à tenir l’équilibre des désirs qui divergent. Autour de Cathy, les maternités se multiplient. Sa meilleure amie attend un deuxième enfant. Sa belle-sœur vacille sous la fatigue des nuits sans sommeil. Quant à sa mère, elle s’éloigne lentement, engloutie par une maladie qui ne dit pas son nom. Alors Cathy gratte, ponce, nettoie. Sous les couches de vernis, elle cherche ce qui était là, avant. Elle restaure, elle dévoile. Dans son métier comme dans sa vie, elle tente de comprendre ce qu’on décide, ce qu’on subit, ce qu’on recouvre.
Repentirs est un roman sans fracas, sans morale qui avance à pas feutrés et qui questionne sans imposer. Que devient une histoire d’amour quand les désirs cessent d’être les mêmes ? Qu’est-ce qu’on transmet quand on ne fait pas d’enfant ? À quoi tient une famille ? Ce livre est un miroir tendu, délicat et pudique. Un texte qui accompagne plus qu’il n’explique.
