Ma voisine était très élégante l’autre matin. Ça la changeait de ses Converse et de ses jeans. Elle rentrait des Molières, la cérémonie qui récompensait pour la 33e fois les talents français du plateau. « La 400e aussi puisqu’on célébrait cette année la naissance du créateur de notre théâtre, Molière », a dit ma voisine un peu pimbêche. Elle m’a raconté toute la soirée aux Folies Bergères. Je l’avais vue à la télé, mais c’était que de la télé, comme dirait Hanouna le plus grand philosophe actuel. Il y avait du beau monde : la présidente d’un soir Isabelle Carré, et Casta, Paradis, Huppert, Schulz, Weber… Tant d’autres. Alex Vizorek aussi bon que sur France Inter, Luchini aussi Luchini que lui-même, Alex Lutz toujours coiffé comme une serpillière à franges, ou le Haguenovien Vincent Bidal pas coiffé lui, mais aux claviers (ce qui n’a aucun lien avec la choucroute). Ma voisine a laissé couler une petite larme lors de l’hommage aux disparus, au moment de l’apparition des photos de Bouquet, Belmondo et François Florent, l’Alsacien créateur du Cours du même nom. Mais, dans cette soirée très réussie, il y a quand même un truc qui l’a un peu chiffonnée : imprimé avant la nomination de la nouvelle ministre, c’est Roseline B. qui avait écrit une longue bafouille dans le programme officiel. Mais Rima Abdul Malak n’a pas manqué l’occasion d’entrer dans la cour des grands, elle a griffonné quelques mots… enfin, elle a surtout recopié ceux de Victor Hugo (pas Molière non, non), un texte qui parlait du théâtre comme du pays du vrai. La ministre a juste ajouté deux petites lignes, très heureuse d’être à nos côtés pour célébrer ce pays du vrai. Elle a dû faire ça entre cour et jardin, comme si c’était le cadet de ses soucis. Bon, pas grave a conclu ma voisine, comme disait Molière : « Plus on aime quelqu’un, moins il faut qu’on le flatte », et puis surtout, après au cocktail, y’avait du champagne et du muscadet, ça brillait de partout, l’essentiel, quoi !