Dans son dernier roman, Elsa Flageul nous plonge dans un récit où les années défilent comme des instantanés de vie. Tout commence quelque part en 1989. Laure est une gamine comme les autres. Dans la cour d’école sévit le jeu de la brûlure indienne : les garçons qui imposent leur loi, les filles qui courent, rient, cèdent ou résistent. Ce jeu codé de l’enfance sonne déjà comme une leçon tacite où l’innocence des gestes cache les prémices d’une domination ordinaire. Années 90, Laure, adolescente dans un Paris éclectique, rêve grand, aime mal, avance à tâtons, mais toujours avec cette rage sourde d’exister à sa manière. Puis viennent les années 2000, la rencontre avec Samuel. Un amour qui fait basculer le monde comme si la vie s’était réinventée. Mais l’amour n’est pas un refuge, encore moins une évidence : il se négocie, se heurte, vacille sous le poids des choix, des silences, des désillusions, et des bouleversements d’une société en pleine ébullition. Ici Elsa Flageul ne tombe pas dans le piège des contes de fées. Samuel, l’amour, le grand, le vrai, vient avec un lot de contradictions bien emballées où l’amour laisse parfois place à l’ennui, où les rêves se frottent à la réalité crue. Et les questions surgissent. Laure, qui croyait avoir trouvé sa place, se retrouve face à elle-même, dans un monde où les hashtags explosent les certitudes et où chaque geste, chaque mot, est une remise en question de ce qu’elle pensait être immuable.
Une écriture pleine de finesse et de mordant
Elsa Flageul détourne les clichés, secoue les attentes et livre un roman brut qui interroge sans relâche. Avec acuité, son écriture saisit ces petits moments de la vie qui, mis bout à bout, composent une existence. Impossible alors de ne pas se retrouver, un peu ou beaucoup, dans ses personnages. C’est là tout son art : parler de l’intime en résonnant avec l’universel. L’autrice livre un roman qui parle d’hier, d’aujourd’hui, et de nous tous dans lequel on reconnaît tant de nos doutes et de nos contradictions et où se mêlent dans un même souffle nos désirs, nos espoirs et nos rêves.
