mercredi 2 avril 2025
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Virginie Schaeffer – La douce musique du yoga

Elle passe de la salle de yoga à celle de concert, mais l’un et l’autre sont imbriqués dans sa vie comme des fils conducteurs. En début de semaine, Virginie Schaeffer enseigne le yoga à une centaine d’élèves, en fin de semaine, elle chante devant des milliers de spectateurs. Et parfois, elle fait trois mois d’affilée sur scène, comme à Europa Park. Mais son point de repère, c’est Ferrette, le village où elle vit avec ses trois enfants à l’opposé du cliché de maîtresse zen et végétarienne, et où elle reçoit autant qu’elle transmet.

Votre actualité brûlante, c’est la naissance du centre Yog’art ?

Oui, l’idée c’était de conjuguer mes deux passions, yoga et musique, mais aussi tous les arts, la peinture, la poterie, les plasticiens de Ferrette, et le fait d’avoir trouvé un lieu qui s’y prête et d’avoir le soutien de la municipalité, c’est chouette. C’est une vieille bâtisse alsacienne appelée la Halle au blé, qui récemment était l’école de musique dont le directeur est Thierry Kauffmann, mon duo pour le Camion à chansons. On a beau avoir plein d’idées en tête, on ne fait rien tout seul. Moi je ne suis pas une grande manuelle, à part faire un peu de peinture, il ne faut pas me demander plus !

Vous enseignez le yoga depuis dix ans, dont un cours où vous chantez et jouez en live. Quels sont les points communs entre yoga et musique ?

On travaille la respiration, la base c’est le souffle, déjà ça suffit (rires). La résonance de la voix n’est qu’une conséquence du travail corporel, de cette conscience de la respiration qui devient souffle. Il y a aussi le point commun de l’instant présent, quand on chante, avec les musiciens, le public, sa mémoire pour les paroles, et en yoga on est dans la conscience de ce que le corps est en train de faire, de ressentir. J’enseigne le yoga comme un état d’être, pas comme une gymnastique, on n’enchaîne pas les postures et on transpire. Cette attention à ce qu’on émet et qu’on reçoit en retour. Le fait de mélanger les deux, c’est comme décupler, c’est ce que les gens ressentent. Cela peut aller loin au niveau de l’émotionnel, quand le corps réagit, que les énergies se déplacent avec des étirements, ça peut faire pleurer, ça libère des tensions, parce que le souffle ouvre le thorax. Donc si en plus on ajoute du son, ça va vibrer davantage, c’est un amplificateur.

Pensez-vous que les gens ont besoin de se reconnecter ?

À l’époque, tous les dimanches, il y avait le repère dogmatique de l’église, on essayait d’aller vers un chemin lumineux. Et ça n’existe plus. Du coup je sens les gens paumés, en perte de sens. J’essaie donc de partager avec eux la spiritualité, qui vient du mot esprit : on est plus qu’un corps, une conscience, une âme peut-être, un cœur, des émotions… Je le vois, et je n’ai pas la prétention de changer quoi que ce soit, mais ils sont mieux à la fin du cours de yoga. Tout comme un concert fait du bien, c’est juste ce que je souhaite.

Virginie prof dans son nouveau centre Yog’art. / ©Dr
Vous souvenez-vous de votre première scène ?

C’était à la salle polyvalente d’un village voisin à Huttenheim, en 4e, on avait organisé une soirée pour partir à Rome—c’est pour ça que j’ai fait latin (rires). Mon premier instrument depuis l’âge de 7 ans, c’est la mandoline, et j’en jouais dans cet orchestre du collège. Mon prof m’a entendue chanter et m’a choisi Bambino de Dalida… J’étais dans une espèce de robe fourreau bleu pailleté, c’était le début de ma carrière. La salle a hurlé et voulait un bis. J’ai demandé ce que ça voulait dire ! On l’a refaite devant mille personnes, et les gens présents m’ont demandé de chanter à leur mariage ou dans les églises… Après j’ai chanté avec le Big band de Bischheim, j’adorais le jazz, on me prenait pour une folle à écouter Ella Fitzgerald !

« Mon prof m’a entendue chanter et m’a choisi Bambino de Dalida… J’étais dans une espèce de robe fourreau bleu pailleté, c’était le début de ma carrière »

Vous êtes aussi chanteuse pour le Dinner show d’Europa-Park et venez de clore la saison après 68 spectacles. Qu’en retenez-vous ?

Je suis très reconnaissante envers la famille Mack pour la fidélité depuis 25 ans ! Je suis chanteuse, musicienne, et selon les spectacles, j’interviens quand les gens mangent ou dans le cadre du show. Cette année, le choix des artistes circassiens était formidable sur la thématique du Voyage autour du monde. À titre personnel, ce que ça m’apprend, c’est d’avoir une hygiène de sportif ! Pour être sur scène 68 fois, avec les trajets, il faut un moral d’acier, une santé de fer, le côté marathon.

Votre dernier album, Little angel, date de 2018. Cela ne vous manque pas de composer ?

C’est l’album qui me touche le plus parce que j’ai vraiment fait la musique que j’aime, sans chercher à plaire. Mais c’est beaucoup d’investissement, émotionnellement et financièrement, et le covid a tout fait retomber comme un soufflé. J’ai revu ma copie d’un point de vue artistique où j’accentue plus le live. Je savais que Little angel serait sans doute le dernier… Me mettre devant une feuille pour écrire une chanson, non… Je n’ai plus le temps, je suis maman de trois enfants de 16, 14 et 9 ans !

Virginie chanteuse avec son acolyte Thierry Kauffmann. / ©Dr
Quel regard ont vos enfants sur votre carrière ?

Ils connaissent leur maman, elle est un peu spéciale ! Joseph et Théo font de la musique, ils chantent, ils sont très sensibles à l’art. Louise est plus bulldozer, à courir dans tous les sens. Ils m’aident, pour la logistique ou quand je choisis une tenue de scène, mon aîné me conseille sur les escarpins par exemple. J’ai une relation très proche avec eux, on parle de tout, une vraie complicité, ils m’apportent beaucoup.

Depuis 2021, il y a aussi le Camion à chansons avec Thierry Kauffmann, quel est le concept ?

C’est un concert itinérant dans toute la France, en Belgique, en Allemagne, et ça marche super bien ! On a une camionnette avec une remorque qui se transforme en scène, il nous faut juste une prise de courant. On fait une bonne vingtaine de dates par an et on est passé dans l’émission Échappées belles. C’est mon idée de ramener de la vie dans les villages, comme le yoga, de sortir de cette idée qu’il faut de l’argent et aller en ville à l’opéra… Le répertoire c’est de la vieille chanson française, Montand, Trenet, Aznavour… J’ai aussi monté un quintet de jazz, je suis revenue à mes premières amours tout en continuant le rock et le tribute à Super Tramp, et les concerts de Noël.

Votre palette de compétences est assez riche. Mais si tout s’arrêtait, diriez-vous que vous avez atteint vos objectifs ?

(Elle réfléchit longtemps) Oui et non. Oui dans le sens où ce qui compte c’est le chemin, ce qu’on vit et expérimente au jour le jour, et ça, c’est très riche, parfois avec des déceptions, des désillusions. Alors oui, j’aurais certainement voulu avoir un retentissement plus national que local, même si aujourd’hui je me demande si ça aurait été bien pour moi. Donc oui, si je m’arrête, j’aurais vécu des choses incroyables et je suis reconnaissante. Maintenant sans se focaliser sur l’objectif, c’est important d’avoir toujours une intention, quelque chose qui nous guide et nous éclaire. Mon moteur à moi, c’est d’apprendre, progresser, théoriquement par des choses que je vais lire, ou des forums comme sur les médecines de l’âme, puis je les incorpore dans ce que je fais. Dans ce cas-là, la réponse est non, parce que j’ai encore beaucoup à apprendre.

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