Né en 1988 à Haguenau, fils d’un père ouvrier et d’une maman chef d’équipe dans le nettoyage, Volkan Karsal a repris une entreprise de nettoyage « Cité de la propreté » (ex Pierre Singey) implantée à Haguenau depuis l’année de sa naissance. Elle vient d’obtenir le prix Odyséee « Porteur de projet de création d’entreprise ». La société développe le nettoyage par cryogénisation, une nouvelle méthode écologique sans eau, mais qui permet de nettoyer sur tous les supports, sans solvant, sans déchet secondaire. Plein d’énergie, toujours tiré à quatre épingles quand il travaille, Volkan nous dévoile ses ambitions.
Vous êtes un très jeune chef d’entreprise, mais ce n’est pas un hasard ?
À 18 ans, pour me payer mon permis de conduire, j’ai travaillé dans le nettoyage industriel les week-ends et pendant les vacances, tout en faisait mon CAP, puis mon bac pro, mon BTS et ma licence gestion et management des entreprises à l’EM Strasbourg. J’ai mis de l’argent de côté, j’étais persuadé que j’allais réussir.
Vous avez rebaptisé l’entreprise que vous avez reprise,
« Cité de la propreté », pourquoi ?
Je viens de la cité, j’y habite toujours. Je m’investis pour montrer que c’est possible, qu’un jeune peut réussir, qu’il peut monter une entreprise. Je suis l’exemple qui prouve que c’est possible. Je voulais même domicilier ma société dans le quartier des Pins, mais je n’ai pas trouvé de local. Je me suis toujours battu avec les institutions pour qu’elles soient derrière moi. L’Adira par exemple, m’a toujours soutenu. Je veux montrer que les jeunes des quartiers d’aujourd’hui sont capables de s’en sortir, même avec un niveau d’étude plutôt bas. Il faut que les institutions et les pouvoirs publics soient avec nous. Pierre Singey m’a fait confiance, ma famille m’a fait confiance, les institutions m’ont fait confiance, sans cette confiance, c’est plus compliqué.
« Cité de la propreté » vient d’obtenir le prix Odyséee
« Porteur de projet de création d’entreprise », pour votre choix de nettoyage par cryogénisation. Le développement écologique vous tient à cœur ?
Oui. Dans le nettoyage, on gaspille beaucoup d’eau, alors j’utilise le nettoyage cryogénique, ce qui est rare en France. On transforme du C02, de l’état liquide à l’état gazeux. C’est écologique et novateur. Ce prix était un rêve, il m’a permis de me projeter en avant, de montrer que je suis un expert, capable de réussir, d’être un acteur de l’économie de demain. Nous avons trois domaines d’expertise : le nettoyage de scènes de crime et du syndrome de Diogène (qui caractérise des troubles du comportement conduisant à des conditions de vie négligées), ensuite la cryogénisation et puis, la partie plus classique, que ce soit pour le tertiaire, l’industrie, la copropriété ou l’agroalimentaire.
Un mot sur les scènes de crime, vous n’êtes pas nombreux sur ce secteur…
Effectivement. On arrive après le crime, on fige la situation, on prend des photos, on fait l’état des lieux, on s’occupe des procédures avec les assurances et les familles, puis on désinfecte, on refait le sol, on remet la pièce comme elle était avant le crime. Nous devons agir très vite. C’est notre spécialité. Peu de monde supporte la vue du sang. Nous, c’est notre travail. J’aime aider les gens depuis tout petit, même si c’est très difficile ou macabre parfois. Je suis entouré de ma famille, mes cousins et mon beau-frère travaillent avec moi, et c’est très important.
Et votre avenir ?
Les banques demandent de prévoir les choses à trois ou cinq ans, moi, je vois à peine demain. C’est une façon d’être positif et optimiste. Je vis au jour le jour, mais mon plus grand rêve est de devenir l’entreprise de nettoyage leader en Alsace.